Depuis le 8 juillet 2022, la présidence de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) est assurée par un parlementaire canadien, pour un mandat de deux ans.
L’APF est la branche parlementaire de ce qu’on appelle la Francophonie institutionnelle, formée d’une longue liste d’organisations, d’agences, de réseaux d’instituts et de peuples ayant la langue française en commun. Depuis plus de cinquante ans, les acteurs de la Francophonie travaillent ensemble avec la conviction que le partage d’une langue va de pair avec la défense de certaines valeurs communes.
La présente Note de la Colline fournit des informations au sujet des populations francophones et de la place du français dans le monde. Elle présente également les instances de la Francophonie institutionnelle, plus particulièrement le travail de l’APF et le rôle du Parlement du Canada au sein de cette organisation.
La Francophonie en chiffres
Chapeauté par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Observatoire de la langue française étudie l’évolution du français dans le monde. Selon son plus récent rapport, publié en 2022 :
- on compte 321 millions de locuteurs francophones dans le monde;
- le français est la 5elangue la plus parlée au monde;
- au moins 143 millions de personnes étudient en français ou apprennent la langue;
- le français est la 4elangue la plus utilisée sur Internet.
L’un des intérêts de la Francophonie réside dans la répartition tant géographique que démographique des francophones dans le monde. Selon les données les plus récentes, bien que la majorité des francophones à l’échelle internationale se trouvent en Europe, près de 43 % résident en Afrique et au Moyen-Orient. De plus, toujours selon l’OIF, la République démocratique du Congo, l’Algérie et le Maroc se classent aux 2e, 3e et 4e rangs respectivement parmi les pays comptant le plus grand nombre de francophones en 2022.
Afin de bien comprendre la dynamique linguistique de la langue française, l’OIF distingue les personnes qui parlent le français au quotidien des « francophones », soit des gens ayant une capacité suffisante de s’exprimer dans la langue française.
Bien que les données publiées par l’OIF indiquent que c’est en Europe qu’on retrouve le plus de francophones dans le monde, c’est en Afrique que la langue est la plus parlée au quotidien (voir la figure 1).
Figure 1 – Répartition géographique des personnes qui parlent le français au quotidien, 2022
Source : Figure préparée par la Bibliothèque du Parlement à partir de données tirées de Organisation internationale de la Francophonie, La langue française dans le monde : synthèse 2022, p. 7.
La croissance démographique joue un rôle important dans le développement de la Francophonie et de la langue française. En effet, selon l’Organisation des Nations Unies, « [l]es pays d’Afrique sub‑saharienne devraient contribuer à plus de la moitié de l’augmentation prévue [de la population mondiale] jusqu’en 2050 ». Les prévisions indiquent que, pendant cette période, la population en Europe et en Amérique du Nord pourrait au contraire décroître. De plus, on estime que près de 400 millions d’Africains sont âgés de 15 à 35 ans. C’est pourquoi plusieurs affirment que l’« avenir du français est africain ».
Les instances de la Francophonie
La Francophonie institutionnelle est formée de plusieurs instances, dont les plus actives sur la scène internationale sont l’APF et l’OIF.
L’Assemblée parlementaire de la Francophonie
Lors de sa fondation en 1967, l’APF, qui s’appelait alors l’Association internationale des parlementaires de langue française, ne comptait que 23 parlements membres, incluant le Canada. Aujourd’hui, l’APF regroupe 91 parlements et organisations francophones (appelés « sections ») de tous les continents. L’adhésion la plus récente est celle du Parlement du Monténégro, en juillet 2022.
En tant que branche parlementaire de la Francophonie, l’APF est un lieu de débats, de propositions et d’échanges d’informations sur tous les sujets d’intérêt commun à ses membres. Ses objectifs principaux sont la représentation des peuples francophones auprès des différentes instances de la Francophonie, la promotion de la démocratie et de l’État de droit et, bien évidemment, le rayonnement de la langue française.
Le travail de l’APF à cet égard se répartit en deux grands volets. D’une part, les parlementaires se rencontrent régulièrement pour délibérer d’enjeux en lien avec les objectifs de l’organisation. Ce travail se fait en grande partie sous l’égide de l’Assemblée plénière, qui se réunit chaque année et adopte des résolutions, des recommandations et des avis qu’elle adresse notamment à l’OIF et aux chefs d’État lors des Sommets de la Francophonie. L’Assemblée plénière est appuyée par quatre commissions permanentes et trois réseaux, qui mènent des études sur des sujets reliés à leur mandat, adoptent des rapports et proposent des motions et des résolutions.
D’autre part, l’APF agit sur le terrain en menant des activités de coopération parlementaire telles que :
- des séminaires d’information et d’échanges pour les parlementaires;
- des séminaires spécialement destinés aux femmes parlementaires;
- des programmes de développement des technologies de l’information et de la communication;
- des stages de formation pour les fonctionnaires parlementaires;
- le Parlement francophone des jeunes.
En tant que membre fondateur de l’APF, le Parlement du Canada y joue un rôle important. En plus d’assurer la présidence, il y occupe actuellement les postes suivants :
- présidence de la Commission des affaires parlementaires;
- rapporteur à la Commission de la coopération et du développement;
- rapporteur à la Commission politique;
- rapporteur au Réseau des femmes parlementaires.
À titre de rapporteur, la section canadienne mène actuellement des initiatives liées aux enjeux suivants :
- incidences des changements climatiques sur les territoires insulaires, côtiers et riverains;
- place de la langue française sur la scène internationale;
- accès aux produits menstruels pour les femmes et les filles francophones.
Lors de la plus récente assemblée plénière, qui s’est déroulée à Kigali au Rwanda les 8 et 9 juillet 2022, trois résolutions mises de l’avant par la section canadienne ont été adoptées. Elles portent sur l’autonomisation économique des femmes francophones, la participation des jeunes à la vie parlementaire et les compétences et l’action des parlements en situations d’urgence.
L’Organisation internationale de la Francophonie
Fondée en 1970 sous le nom d’Agence de coopération culturelle et technique, l’OIF représente la branche gouvernementale de la Francophonie et est représentée sur la scène internationale par la Secrétaire générale de la Francophonie. Depuis ses bureaux de Paris et ses bureaux régionaux répartis dans le monde, l’OIF poursuit quatre missions :
- Promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique
- Promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme
- Appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche
- Développer la coopération économique au service du développement durable
L’OIF comprend 88 États et gouvernements membres de plein droit, associés ou observateurs. Le Canada, le Québec et le Nouveau-Brunswick sont des membres de plein droit, tandis que l’Ontario a le statut d’observateur depuis 2016.
Tous les deux ans, les chefs d’État et de gouvernement se réunissent lors du Sommet afin d’échanger sur des sujets prioritaires pour l’espace francophone. Le Sommet s’est déroulé au Canada à trois reprises, soit à Québec en 1987 et 2008, et à Moncton en 1999. Le prochain Sommet doit avoir lieu à Djerba (Tunisie) à l’automne 2022.
Pour atteindre ses objectifs, l’OIF préconise la mise en commun de l’expertise et des compétences entre ses membres. Elle offre notamment des programmes axés sur le renforcement des capacités des États, tient des missions électorales et finance de nombreux projets de développement, en collaboration avec des bailleurs de fonds internationaux.
Les autres organisations
En plus de l’OIF, la Francophonie compte sur d’autres organismes afin de faire rayonner la langue française et de favoriser son expansion, dont les suivantes :
- L’Agence universitaire de la Francophonie est une association regroupant des établissements universitaires francophones. Elle s’emploie à améliorer la coopération et la collaboration entre les institutions. Elle regroupe 1 007 membres dans 119 pays. Son siège social est à Montréal.
- L’Association internationale des maires francophones (AIMF) est un réseau d’élus locaux favorisant le partage d’expertise entre plus de 300 membres situés dans une cinquantaine de pays. Elle investit dans le développement durable de ses villes et localités membres. Le Canada est représenté par sept membres et Bruno Marchand, maire de la ville de Québec, est actuellement vice-président de l’AIMF.
- TV5MONDE, chaîne de télévision diffusée partout dans le monde, offre du contenu mettant de l’avant la création francophone et la langue française. Elle possède une antenne canadienne, TV5 QUÉBEC CANADA, dont les bureaux sont à Montréal et qui agit de manière indépendante, mais en collaboration avec TV5MONDE.
Ressources additionnelles
Assemblée parlementaire de la Francophonie. Assemblée parlementaire de la Francophonie.
Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone. Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone.
Organisation internationale de la Francophonie. Observatoire de la langue française.
Organisation internationale de la Francophonie. La Francophonie en bref.
Par Gabrielle de Billy Brown, Bibliothèque du Parlement
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