Bilan semestriel de l’économie canadienne : les troisième et quatrième trimestres de 2022

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La présente Note de la Colline met en lumière les grandes tendances de l’économie canadienne observées au cours des troisième et quatrième trimestres de 2022. Les mesures prises récemment par la Banque du Canada pour faire face à la hausse du taux d’inflation ont mené à un ralentissement de la croissance économique et à une baisse des prix des maisons dans un certain nombre de régions en comparaison aux deux trimestres précédents. Malgré cette atonie économique et la correction des prix de l’immobilier, la hausse de l’emploi se maintient et le taux de chômage reste faible.

Produit intérieur brut réel

La figure 1 montre une augmentation du produit intérieur brut (PIB) réel annualisé de 2,3 % au cours du troisième trimestre de 2022. Au quatrième trimestre, la croissance du PIB réel est passée à zéro. Au début de l’année 2022, le resserrement de la politique monétaire de la Banque du Canada a entraîné initialement un ralentissement de l’activité immobilière, puis au milieu de l’année 2022, de la consommation de produits durables. On s’attend à ce que les répercussions de la hausse des taux d’intérêt s’étendent en 2023 et limitent les dépenses de consommation consacrées aux services ainsi que les investissements.

Figure 1 : Variation en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) réel annualisé au Canada, du premier trimestre de 2018 au quatrième trimestre de 2022

La figure 1 montre la variation trimestrielle en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) réel annualisé, du premier trimestre de 2018 au quatrième trimestre de 2022. Le PIB a connu une croissance du premier trimestre de 2018 au quatrième trimestre de 2019, a fléchi pendant les deux premiers trimestres de 2020, puis s’est rétabli au cours du troisième trimestre de 2020. Le recul le plus important (-37,1 %) a été observé au deuxième trimestre de 2020 et la croissance la plus forte (41,3 %) a été enregistrée au troisième trimestre de 2020. Durant le troisième trimestre de 2022, le PIB réel a augmenté de 2,3 %, puis est resté stable au cours du quatrième trimestre de 2022.

Note : Le produit intérieur brut (PIB) réel aux prix du marché (mesuré en contributions à la variation en pourcentage, puis annualisé) est calculé par Statistique Canada.
Source : Figure préparée par la Bibliothèque du Parlement à partir de données indexées à l’inflation et désaisonnalisées tirées de Statistique Canada, « Tableau 36-10-0104-01 : Produit intérieur brut, en termes de dépenses, Canada, trimestriel (x 1 000 000) », base de données, consultée le 5 mai 2023.

Produit intérieur brut réel par secteur d’activité

La figure 2 montre une croissance trimestrielle moyenne positive du PIB réel au cours des deux derniers trimestres de 2022 dans la plupart des secteurs d’activités. Les trois secteurs dont la croissance du PIB réel a été la plus forte pendant cette période sont ceux de l’agriculture, de la foresterie, de la pêche et de la chasse (3,4 %), des autres services (1,4 %) et des services professionnels, scientifiques et techniques (1,3 %). Les trois secteurs qui ont enregistré le recul le plus important du PIB réel pendant la même période sont ceux de la fabrication (-0,7 %), du commerce de gros et de détail (-0,4 %) et de l’extraction minière, de l’exploitation en carrière et de l’extraction de pétrole et de gaz (-0,3 %).

Figure 2 : Croissance trimestrielle moyenne du produit intérieur brut réel, par secteur d’activité, au Canada,
pour les troisième et quatrième trimestres de 2022

Note : Les « Autres services » regroupent l’entretien et la réparation, les services personnels et la blanchisserie, les services religieux, d’octroi de subventions, civiques, professionnels et d’organisations similaires, et les services aux ménages.
Source : Figure préparée par la Bibliothèque du Parlement à partir de données désaisonnalisées tirées de Statistique Canada, « Tableau 36-10-0449-01 : Produit intérieur brut (PIB) aux prix de base, par industries, moyenne trimestrielle (x 1 000 000) », base de données, consultée le 4 avril 2023.

Inflation

La figure 3 montre l’évolution trimestrielle de l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC). Entre le premier trimestre de 2018 et le premier trimestre de 2020, le taux d’inflation a fluctué à l’intérieur de la fourchette cible de 1 % à 3 % fixée par la Banque du Canada, avant de passer sous la barre de 1 % pendant les trois derniers trimestres de 2020. Les deux années suivantes ont été marquées par une augmentation régulière du taux d’inflation, qui a atteint un maximum de 7,5 % au deuxième trimestre de 2022. Depuis, il présente des signes de modération. Dans son Rapport sur la politique monétaire de janvier 2023, la Banque du Canada prévoit une diminution du taux d’inflation, qui devrait passer de 6,7 % au quatrième trimestre de 2022, à 3 % en milieu d’année 2023, puis à 2 % en 2024. En 2023, elle estime que le taux d’inflation sera plus faible que précédemment escompté en raison d’une baisse des prix de l’essence et d’un retour plus rapide que prévu à la stabilité du côté de la chaîne d’approvisionnement, qui s’en trouvera ainsi moins perturbée.

Figure 3 : Évolution d’une année à l’autre de l’inflation selon l’indice des prix à la consommation (IPC) par rapport à la fourchette d’inflation cible de la Banque du Canada, du premier trimestre de 2018 au quatrième trimestre de 2022

La figure 3 montre l’évolution trimestrielle de l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC), du premier trimestre de 2018 au quatrième trimestre de 2022. En 2022, le taux d’inflation mesuré par l’IPC est passé de 7,2 % au troisième trimestre, à 6,7 % au quatrième trimestre. Le taux d’inflation le plus élevé, à 7,5 %, a été enregistré au deuxième trimestre de 2022. Le taux d’inflation le plus faible, à 0 %, a été enregistré au deuxième trimestre de 2020.

Note : La bande grise représente la fourchette d’inflation cible de la Banque du Canada, qui se situe entre 1 % et 3 %.
Source : Figure préparée par la Bibliothèque du Parlement à partir de données tirées de Banque du Canada, « Inflation : Définitions, graphiques et données », base de données, consultée le 10 mai 2023.

Prix des maisons

La figure 4 montre que les prix des maisons ont chuté dans toutes les régions métropolitaines examinées de juin à décembre 2022, sauf à Calgary. Les chutes les plus marquées ont été constatées dans les régions d’Ottawa–Gatineau (-13,9 %), d’Halifax (-12,9 %) et de Toronto (-12,6 %). Ces tendances à la baisse correspondent à l’augmentation marquée des taux d’intérêt des hypothèques résidentielles, à la suite des hausses du taux directeur de la Banque du Canada. Ce dernier est en effet passé de 0,25 % en décembre 2021 à 4,25 % en décembre 2022.

Figure 4 : Évolution de l’indice des prix des maisons Teranet-Banque NationaleMC pour certaines régions, de décembre 2021 à décembre 2022

La figure 4 montre l’évolution de l’indice des prix des maisons Teranet-Banque Nationale entre décembre 2021 et juin 2022, puis entre juin et décembre 2022, dans les régions métropolitaines suivantes : Vancouver, Calgary, Toronto, Ottawa-Gatineau, Montréal et Halifax. De décembre 2021 à juin 2022, les prix des maisons ont augmenté dans toutes ces régions. Les hausses les plus marquées ont été observées dans les régions d’Halifax (20,2 %), d’Ottawa-Gatineau (15 %), de Montréal (12,6 %) et de Toronto (12,2 %). Entre juin et décembre 2022, les prix ont baissé partout, sauf à Calgary (4,6 %).

Source : Figure préparée par la Bibliothèque du Parlement à partir de données tirées de Teranet et Banque Nationale du Canada, Indice de Prix de Maison Teranet – Banque Nationale, consulté le 4 avril 2023.

Emploi par secteur d’activité

La figure 5 montre une hausse de l’emploi total de 0,9 % entre juin et décembre 2022. Les trois secteurs ayant connu les plus fortes hausses de l’emploi sont ceux des services d’hébergement et de restauration (4,8 %), des autres services (4,6 %) et de l’agriculture (4,5 %).

En termes absolus, les trois secteurs ayant connu les plus fortes hausses de l’emploi sont ceux de l’hébergement et de la restauration (50 700 emplois créés), des services professionnels, scientifiques et techniques (48 600 emplois créés) et des administrations publiques (48 500 emplois créés). Les trois secteurs ayant connu les baisses de l’emploi les plus marquées sont ceux du commerce de gros et de détail (96 000 emplois supprimés), des services d’enseignement (28 000 emplois supprimés) et de la foresterie, de la pêche, des mines, des carrières, et du pétrole et du gaz (2 700 emplois supprimés).

Figure 5 : Évolution de l’emploi par secteur d’activité canadien, entre juin et décembre 2022

Note : Les « Autres services » regroupent l’entretien et la réparation, les services personnels et la blanchisserie, les services religieux, d’octroi de subventions, civiques, professionnels et d’organisations similaires, et les services aux ménages.
Source :  Figure préparée par la Bibliothèque du Parlement à partir de données désaisonnalisées tirées de Statistique Canada, « Tableau 14-10-0355-01 : Emploi selon l’industrie, données mensuelles désaisonnalisées et non désaisonnalisées, et tendance-cycle, 5 derniers mois (x 1 000) », base de données, consultée le 4 mai 2023.

Taux de chômage par statut d’immigration et par sexe

En 2022, le taux de chômage national pour les personnes âgées de 15 ans et plus était de 5,3 %, soit une baisse de 2,2 points de pourcentage par rapport à 2021. La figure 6 montre qu’en 2022, le taux de chômage des immigrants reçus âgés de 15 ans et plus était de 5,7 %, comparativement à 5 % pour la population née au Canada.

Même si le taux de chômage des immigrants arrivés au Canada au cours des cinq dernières années était relativement élevé en 2022, à 8,2 %, l’écart entre les immigrants et les personnes nées au Canada se resserre considérablement avec le temps passé au Canada. En outre, le taux de chômage des immigrants vivant au Canada depuis plus de dix ans était presque identique à celui de la population née au Canada, soit 5,1 % comparativement à 5 %, respectivement.

La disparité des taux de chômage par sexe constitue une autre différence notable entre les immigrants et la population née au Canada. Le taux de chômage des femmes nées au Canada était inférieur à celui des hommes nés au Canada. À l’inverse, le taux de chômage des immigrantes était supérieur à celui des immigrants, quelle que soit la durée de leur présence au Canada, même si cet écart diminue lui aussi avec le temps passé au Canada.

Figure 6 : Taux de chômage annuels des personnes de 15 ans et plus au Canada, par statut d’immigration et par sexe en 2022

La figure 6 montre les taux de chômage annuels par sexe et par statut d’immigration en 2022 au Canada pour les personnes âgées de plus de 15 ans. Pendant cette période, le taux de chômage des immigrants reçus était de 5,7 %, comparativement à 5 % pour la population née au Canada. Le taux de chômage des immigrants reçus et arrivés au cours des cinq dernières années était plus élevé (8,2 %) que celui des immigrants arrivés entre cinq et dix ans plus tôt (5,8 %) ou que celui des immigrants vivant au Canada depuis plus de dix ans (5,1 %).

Source :  Figure préparée par la Bibliothèque du Parlement à partir de données tirées de Statistique Canada, « Tableau 14-10-0085-01 : Caractéristiques de la population active chez les immigrants selon le sexe et le groupe d’âge, données annuelles », base de données, consultée le 4 mai 2023.

Par Michaël Lambert-Racine et Shaowei Pu, Bibliothèque du Parlement



Catégories :Économie et finances

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