Le don d’organes au Canada

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Au Canada, la troisième semaine d’avril est la Semaine nationale de sensibilisation aux dons d’organes et de tissus.

Tous les ans, le nombre de Canadiens en attente d’une greffe d’organe dépasse le nombre d’organes disponibles. La présente Note de la Colline donne un aperçu du don d’organes au Canada. Elle fait état des taux de dons d’organes, compare les taux canadiens et internationaux, décrit les obstacles au don et traite des donneurs d’organes potentiels au Canada.

Transplantation d’organes au Canada

Comment le Canada se compare-t-il à d’autres pays pour ce qui est des taux de dons d’organes? Quel est le potentiel d’augmentation du nombre d’organes disponibles pour transplantation?

Les greffes d’organes en chiffres au Canada (au 31 décembre 2019)

  • Nombre de donneurs (vivants ou décédés) :                             1 434
  • Nombre de greffes :                                                                   3 084
  • Nombre de personnes en attente d’une greffe :                        4 352
  • Nombre de personnes décédées dans l’attente d’une greffe :     249

Le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes a étudié cette question il y a plus de 20 ans. En 2001, le gouvernement fédéral a créé le Conseil canadien pour le don et la transplantation; en 2007, les responsabilités de ce dernier ont été transférées à la Société canadienne du sang (SCS).

Les statistiques en matière de don et de transplantation sont tenues par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). Le gouvernement fédéral contribue financièrement aux efforts de la SCS pour accroître le don et la greffe d’organes et de tissus au Canada, ainsi qu’au travail de l’ICIS.

Les donneurs d’organes

Au Canada, on considère les donneurs d’organes selon différents points de vue :

  • Donneurs vivants et donneurs décédés – Bien que la présente Note de la Colline traite surtout de la question des donneurs décédés, chez qui de multiples organes et tissus peuvent être prélevés, les donneurs vivants sont eux aussi nombreux dans la plupart des provinces canadiennes.
  • Mort cérébrale et mort cardiocirculatoire – Les organes de personnes décédées peuvent être donnés après leur mort cérébrale (parfois appelée mort neurologique), ou à la suite d’un traumatisme cérébral ou lorsque la personne est en situation de fin de vie sans mort cérébrale (un état aussi appelé mort cardiaque ou mort cardiorespiratoire).
  • Donneurs potentiels et réels – Bien que, pour de nombreux Canadiens, toute personne consentant au don d’organes soit un donneur potentiel, très peu de personnes deviennent en fait des donneurs potentiels. Les donneurs potentiels sont ceux dont on a déterminé qu’ils sont de bons candidats au don au moment de leur mort. Le donneur réel (aussi appelé donneur effectif) est une personne décédée dont au moins un organe a été prélevé, puis transplanté chez un receveur.

Taux de donneurs : comparaison internationale

Selon les données de l’ICIS, le taux de donneurs décédés au Canada était de 21,8 donneurs par million de personnes (DPMP) en 2019, ce qui représentait une augmentation de 59 % par rapport à 2010. La figure ci-dessous illustre la variation de ce taux selon la région de 2010 à 2019.

Taux de donneurs décédés au Canada, selon la région, de 2010 à 2019

Cette figure est un graphique linéaire montrant les taux de donneurs décédés au Canada, par région, de 2010 à 2019. Bien que le taux de donneurs décédés ait augmenté dans toutes les régions au cours de cette période, l’Ontario affichait le taux le plus élevé en 2019, soit 26,1 donneurs par million d’habitants, et le Manitoba, le plus faible, soit 12,4 donneurs par million d’habitants.

Source : Produit par l’auteure à partir de données tirées de l’Institut canadien d’information sur la santé, Donneurs, 2010 à 2019 – Tableaux de données, figure 32, 3 décembre 2020.

Comme le montre la figure ci-dessous, le taux de donneurs décédés au Canada dépasse le taux de donneurs vivants depuis 2014, qui est demeuré largement inchangé depuis 2010.

Taux de donneurs au Canada, par source, de 2010 à 2019

Cette figure est un graphique linéaire montrant le taux de donneurs vivants et le taux de donneurs décédés au Canada de 2010 à 2019. Le taux de donneurs vivants est demeuré relativement stable au cours de cette période, à environ 15,0 donneurs par million d’habitants, tandis que le taux de donneurs décédés est passé de 13,7 à 21,8 donneurs par million d’habitants.

En 2019, le Canada comptait 1 434 donneurs d’organes, soit 820 décédés et 614 vivants. En moyenne, 3,2 organes sont prélevés et transplantés pour chaque donneur décédé.

Le taux de donneurs d’organes décédés du Canada semble se situer dans le tiers supérieur des pays recensés [en anglais] par l’International Registry of Organ Donation and Transplantation. Bien que ce taux soit bien en deçà du taux de 37 DPMP des États‑Unis, de 33 DPMP de la France et de presque 50 DPMP de l’Espagne, il est supérieur au taux de 13 DPMP de la Nouvelle‑Zélande.

Le taux canadien est à peu près égal à celui des pays auxquels le Canada est souvent comparé pour ce qui est d’autres enjeux de santé, par exemple le Royaume‑Uni, qui présente un taux de 25 DPMP, et l’Australie, où le taux est de 22 DPMP. Pour tout complément d’information sur les données internationales, veuillez consulter la publication de la Bibliothèque du Parlement intitulée Don et greffe d’organes au Canada : Statistiques, tendances et comparaisons internationales.

Éliminer les obstacles au don

De nombreux obstacles peuvent influer sur la probabilité qu’un donneur potentiel devienne un donneur réel. Parmi ces obstacles, il faut noter :

  • la déficience dans l’identification des donneurs potentiels et la transmission de l’information par le personnel médical;
  • l’incapacité à certifier la mort cérébrale ou la non-confirmation de la mort cardiaque dans des délais convenables;
  • l’absence d’une équipe de prélèvement d’organes ou du matériel connexe;
  • le fait que les ressources hospitalières sont surchargées;
  • la non-obtention du consentement des membres de la famille;
  • l’incompatibilité médicale du donneur;
  • une crise médicale imprévue empêchant le prélèvement d’organes;
  • l’incapacité à prélever ou à conserver les organes;
  • l’incapacité à trouver un receveur compatible ou à greffer l’organe du donneur.

Compte tenu des critères d’inclusion et d’exclusion en vigueur au Canada, qui définissent le bassin de donneurs potentiels, certaines mesures pourraient contribuer à accroître la proportion des donneurs potentiels qui deviennent des donneurs réels. Ces mesures comprennent notamment le renforcement de la formation du personnel médical, l’ajout de ressources hospitalières et l’incitation à la discussion des intentions des donneurs au sein des familles.

Si ces facteurs ne sont pas optimisés, le consentement des donneurs ne suffira pas pour assurer la réussite des dons.

L’ICIS souligne que le bassin de donneurs potentiels au Canada pourrait être élargi en acceptant les personnes de plus de 70 ans et en mettant à jour les critères d’exclusion de manière à mieux tenir compte de l’évolution des pratiques au Canada et à l’étranger. L’ICIS indique aussi qu’il faut améliorer l’identification des donneurs après la mort cardiaque.

Donneurs d’organes : le potentiel du Canada

Peu de Canadiens deviendront des donneurs d’organes à leur décès, peu importe qu’ils soient disposés à faire don de leurs organes, parce que plusieurs conditions doivent être respectées.

Selon les données détaillées sur les décès à l’hôpital (première condition d’admissibilité) en 2012, il y avait :

Cette figure présente le nombre de décès en milieu hospitalier au Canada, selon les données de 2012. Elle révèle que, malgré plus de 117 000 décès en milieu hospitalier cette année-là, les critères d’inclusion et d’exclusion ont permis d’identifier un peu plus de 3 000 donneurs potentiels. Parmi ceux ci, 540 donneurs d’organes décédés ont été retenus.

Des initiatives visant à améliorer la transmission de l’information et le suivi des donneurs potentiels pourraient contribuer à augmenter le taux de donneurs d’organes décédés au Canada. Une approche de consentement présumé a été mise en œuvre dans plusieurs pays et récemment en Nouvelle-Écosse.

Ressources connexes

Société canadienne du sang. Organes et tissus pour la vie.

Sonya Norris, Stratégies pour optimiser les dons et les greffes d’organes et de tissus, Bibliothèque du Parlement, 1er avril 2020.

Auteure : Sonya Norris, Bibliothèque du Parlement



Catégories :Santé et sécurité

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