COP26 : Des négociations pour limiter le réchauffement à 1,5 degré Celsius

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La 26e Conférence des Parties (COP26) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) s’est tenue du 31 octobre au 12 novembre 2021 à Glasgow, en Écosse. Celle-ci a réuni plus de 39 000 personnes, dont des représentants des gouvernements, des médias et d’organisations intergouvernementales et non gouvernementales.

Bien que les mesures visant à réduire la propagation de la COVID-19 aient, semble‑t‑il, limité leur accès aux négociations, des jeunes, des Autochtones et d’autres représentants de la société civile étaient présents tant dans l’enceinte de la conférence qu’à l’extérieur pour attirer l’attention sur les besoins des groupes vulnérables et pour faire pression sur les gouvernements afin qu’ils répondent à leurs préoccupations.

L’un des principaux objectifs de la COP26 était de conclure un accord visant à empêcher un réchauffement planétaire de plus de 1,5 ℃ par rapport aux niveaux préindustriels. Une autre priorité était d’améliorer l’aide financière et les autres mesures destinées à soutenir l’adaptation aux effets des changements climatiques. Enfin, une troisième priorité était de mobiliser des ressources financières pour que les pays en développement puissent effectuer les adaptations nécessaires et réduire leurs émissions.

La présente Note de la Colline résume la situation actuelle en matière de changements climatiques ainsi que les résultats obtenus dans certains dossiers abordés lors de la COP26. Enfin, elle présente quelques-uns des engagements pris par le Canada à cette occasion.

Situation actuelle et effets des changements climatiques

Les climatologues s’accordent à dire que, pour éviter les pires effets des changements climatiques, l’élévation de la température mondiale moyenne doit être limitée à près de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels.

Selon le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) [en anglais] publié en août 2021, la température mondiale moyenne a augmenté d’environ 1,1 ℃ par rapport aux niveaux préindustriels en raison des émissions de gaz à effet de serre (GES) causées par l’activité humaine. Ce réchauffement a entraîné des pénuries d’eau, des vagues de chaleur, des incendies de forêt, des précipitations extrêmes, une élévation du niveau de la mer, la disparition d’espèces et le déclin d’écosystèmes, et l’on s’attend à ce que ces effets s’aggravent à mesure que le réchauffement climatique s’accentuera.

Les effets des changements climatiques ne frappent pas de la même manière toutes les régions du monde ni tous les membres des collectivités touchées. Par ailleurs, les populations qui n’ont pas contribué de façon marquée – voire du tout – aux changements climatiques, comme les jeunes, les générations futures et les citoyens des pays pauvres, devront tout de même en subir les conséquences.

Résultats obtenus dans certains dossiers à la COP26

Le Pacte de Glasgow pour le climat a été adopté par consensus lors de la COP26 le 13 novembre 2021. Il appelle notamment les parties à « accélérer les efforts destinés à cesser progressivement de produire de l’électricité à partir de charbon sans dispositif d’atténuation et d’accorder des subventions inefficaces aux combustibles fossiles ». C’est la première fois que le charbon figure dans un tel accord.

La COP26 a donné lieu à de nombreuses décisions [en anglais], dont certaines sont décrites ci-dessous.

Efforts pour réduire les émissions et pour limiter l’augmentation de la température

Dans l’Accord de Paris, conclu lors de la COP21 en 2015, les parties à l’accord se sont engagées à limiter l’augmentation de la température moyenne de la planète « nettement en dessous de 2 °C » et à « poursuiv[re] l’action menée » pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C. Elles se sont également engagées à fixer leur propre objectif de réduction des émissions de GES, appelé contribution déterminée au niveau national (CDN). Les nouvelles CDN devaient être mises à jour tous les cinq ans et « représente[r] une progression par rapport » aux objectifs antérieurs en visant une réduction plus importante ou plus rapide des émissions. Il était prévu que les CDN, mises à jour pour la première fois, soient soumises à temps pour la COP26; en tout, en date du 2 novembre 2021, 151 parties sur 193 avaient présenté une CDN, nouvelle ou mise à jour.

Si l’ensemble des engagements formels pris par toutes les parties à ce jour étaient respectés, la hausse de la température mondiale serait contenue dans une fourchette de 1,7 °C à 2,6 °C par rapport aux niveaux préindustriels. Toutefois, comme l’illustre la figure 1, le maintien des politiques actuelles conduirait plutôt à un réchauffement compris entre 2,0 °C et 3,6 °C. Cette disparité démontre la nécessité d’adopter de nouvelles politiques et mesures pour mettre en œuvre les engagements annoncés.

Figure 1 – Augmentation prévue de la température mondiale moyenne d’ici 2100

Cette figure montre un thermomètre qui, au moyen d’un dégradé de couleurs, illustre le fait que les répercussions des changements climatiques s’aggravent à mesure que le réchauffement augmente par rapport aux niveaux préindustriels. Si tous les pays respectent leurs engagements en matière de réduction des émissions, l’augmentation prévue de la température mondiale moyenne est de 1,7 °C à 2,6 °C. En revanche, si l’on s’en tient aux politiques et aux mesures actuellement en vigueur, une hausse plus importante, de l’ordre de 2 à 3,6 °C, est à prévoir.Note : Les « politiques et mesures actuelles » sont celles qui sont déjà en vigueur ou en voie de l’être. Les « engagements et objectifs actuels » sont ceux qui ont été officiellement soumis au Secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Les objectifs qui ont été annoncés officieusement, mais qui n’ont pas encore été soumis ne sont pas représentés dans cette figure; s’ils étaient mis en œuvre, ils pourraient atténuer légèrement l’augmentation de la température moyenne.
La température indiquée au milieu de chaque boîte colorée est l’estimation « médiane » du réchauffement en 2100, ce qui signifie que les risques de dépasser la température calculée s’élèvent à 50 % si le scénario d’émissions donné est suivi.
Source : Figure préparée par la Bibliothèque du Parlement à partir de données tirées de Climate Action Tracker, « The CAT Thermometer explained »,
The CAT Thermometer [en anglais].

Le Pacte de Glasgow pour le climat prie les pays « de revoir et d’améliorer » les objectifs fixés pour 2030 dans leurs CDN d’ici la fin de 2022.

Financement international de la lutte contre les changements climatiques

Dans l’Accord de Copenhague, conclu lors de la COP15 en 2009, les pays développés – dont les émissions de GES par habitant sont plus élevées – se sont engagés à aider les pays en développement à atténuer les effets des changements climatiques et à s’y adapter. Les pays développés ont convenu de mobiliser 100 milliards de dollars américains par an pour financer la lutte contre les changements climatiques d’ici 2020.

Cependant, ceux-ci n’ont fourni qu’environ 80 milliards de dollars américains en 2019. En prévision de la COP26, le Canada et l’Allemagne ont élaboré conjointement un Plan de mise en œuvre du financement de la lutte contre les changements climatiques afin d’atteindre l’objectif annuel de 100 milliards de dollars américains jusqu’en 2025.

En juin 2021, le Canada a annoncé qu’il doublerait son engagement précédent en matière de financement de la lutte contre les changements climatiques pour le porter à 5,3 milliards de dollars canadiens au cours des cinq prochaines années.

Adaptation

Lors de la COP26, les membres du Forum sur la vulnérabilité climatique, qui représentent quelque 1,2 milliard de personnes dans 48 pays, ont plaidé en faveur d’un soutien financier accru de la part des pays développés et d’un meilleur financement de l’adaptation aux changements climatiques. Le Pacte de Glasgow pour le climat prévoit certes le doublement des fonds destinés à l’adaptation par rapport aux niveaux de 2019 d’ici 2025, mais le fait que les pays parties n’aient pas réussi à mobiliser 100 milliards de dollars américains par an signifie que le financement sera inférieur à ce que les militants avaient réclamé.

Pertes et préjudices

Les groupes et les pays qui n’ont guère contribué au réchauffement planétaire sont touchés de manière disproportionnée par les catastrophes liées au climat, et leur capacité d’adaptation est limitée. L’Alliance des petits États insulaires a, entre autres, demandé que ce sujet soit abordé [en anglais] lors de la COP26.

Bien qu’il ait été question, pendant la COP26, d’un éventuel mécanisme financier de Glasgow relatif aux pertes et préjudices – grâce auquel les pays en développement recevraient des fonds des pays développés pour se remettre des catastrophes climatiques –, le Pacte de Glasgow pour le climat ne prévoit pas la création d’un tel mécanisme.

Règles de l’Accord de Paris

Lors de la COP26, les négociateurs ont achevé le corpus de règles pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris, six ans après sa signature. Ils ont notamment mis au point les règles d’application de l’article 6 afin de convenir d’un système d’échange des crédits carbone – lesquels sont essentiellement des permis d’émission – obtenus au moyen de projets d’atténuation des changements climatiques.

Engagements pris par le Canada à la COP26

En juillet 2021, le Canada a présenté au Secrétariat de la CCNUCC sa CDN revue à la hausse, par laquelle il s’engage à réduire, d’ici 2030, ses émissions de GES de 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2005.

En plus d’adopter le Pacte de Glasgow pour le climat et de soumettre une CDN mise à jour, le Canada a souscrit à des engagements, y inclus :

Conclusion

Dans son discours de clôture [en anglais] à la COP26, le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a résumé la conférence en ces termes : « Les annonces faites ici à Glasgow sont encourageantes, mais elles sont loin d’être suffisantes. L’écart entre les réductions des émissions promises et réalisées représente toujours une menace dévastatrice. Le manque de financement et les lacunes en matière d’adaptation constituent une injustice flagrante pour le monde en développement. » [traduction]

En termes absolus, la COP26 a raté l’un de ses principaux objectifs, puisque les engagements actuels laissent présager une augmentation de la température mondiale supérieure à 1,5 °C, et que peu de pays disposent des ressources financières nécessaires pour s’y adapter. Cela dit, la COP26 a permis de réaliser certains progrès relatifs en matière de réduction des émissions, préparant ainsi le terrain à de nouvelles mesures climatiques.

Ressources additionnelles

Climate Action Tracker, Warming Projections Global Update, novembre 2021, [en anglais].

Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques – Royaume‑Uni 2021, COP26 Outcomes [en anglais].

Gouvernement du Canada, Conférence de l’ONU sur les changements climatiques : COP26 à Glasgow.

Gouvernement du Canada, Canada à La COP26.

Gouvernement du Royaume-Uni, COP26: The Negotiations Explained [en anglais]. 

Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, « Résumé à l’intention des décideurs », dans Valérie Masson-Delmotte et al., dir., Réchauffement planétaire de 1,5 °C : Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels et les trajectoires associées d’émissions mondiales de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la parade mondiale au changement climatique, du développement durable et de la lutte contre la pauvreté, GIEC, 2019

Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, Special Report: Global Warming of 1.5 °C [en anglais].

Nations Unies, Changement climatique, « COP 26 Speeches and statements: UN Climate Change Conference – Glasgow 2021 », Process and meetings [en anglais].

Schonhardt, Sara, « Adaptation Becomes Focus of Climate Summit as Talks Draw to a Close », Scientific American, 12 novembre 2021 [en anglais].

Auteures : Alison Clegg et Natacha Kramski, Bibliothèque du Parlement

 

 

 



Catégories :Affaires internationales et défense, Agriculture, environnement, pêches et ressources naturelles

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1 réponse

  1. Imponerande! TACK För Artikeln, très intéressant, j’accepte comme vrai avec je peux voir des disques considérablement plus grands comme celui-ci.,

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