Les femmes au Parlement du Canada : 100 ans de représentation

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Il y a 100 ans, le 6 décembre 1921, Agnes Campbell Macphail devenait la première femme élue à la Chambre des communes et la première femme parlementaire au Parlement du Canada. La présente Note de la Colline propose un aperçu de certaines premières remarquables pour les femmes au Parlement du Canada. Il y est également question des résultats de la 44e élection générale fédérale, tenue le 20 septembre 2021, dans le contexte de la représentation des femmes et de celle de certains autres groupes à la Chambre des communes. Enfin, on y aborde l’importance de la disponibilité des données sur la diversité des personnes qui se portent candidates dans le contexte de la politique électorale fédérale au Canada, et les défis qui en découlent.

Histoire de la représentation des femmes au Parlement du Canada

Depuis 1921, la représentation des femmes au Parlement du Canada a augmenté progressivement, pour atteindre une proportion record en 2021. En date du 22 novembre 2021, les femmes représentaient 49 % de tous les sénateurs (13 sièges étant vacants) et 30,5 % de tous les députés. Historiquement, la représentation des femmes est plus élevée au Sénat du Canada qu’à la Chambre des communes. Contrairement aux députés, les sénateurs sont nommés; l’équilibre entre les sexes figure parmi les critères actuels dans le cadre du processus de nomination. La parité a d’ailleurs déjà été atteinte au Sénat (en décembre 2020, le Sénat se composait de 47 femmes et de 47 hommes), tandis que les femmes sont encore sous-représentées à la Chambre des communes.

De nombreuses femmes ont ouvert la voie à d’autres au cours du dernier siècle. La figure 1 illustre certains jalons historiques de la représentation des femmes au Parlement du Canada depuis 1919.

Figure 1 – Les femmes au Parlement : Faits saillants sélectionnés sur 100 ans

Cette infographie illustre quelques faits saillants concernant les femmes au Parlement du Canada au cours des 100 dernières années. Au nombre de ces faits saillants, mentionnons l’élection de la première femme à la Chambre des communes, Agnes Campbell Macphail, en 1921. D’autres faits saillants concernent des femmes aux identités diverses au Parlement, notamment la nomination de la première personne noire, l’honorable Anne C. Cools, au Sénat en 1984. L’infographie illustre également les proportions à la hausse de la représentation des femmes dans les deux Chambres au fil du temps. La représentation des femmes a atteint 5 % au Sénat en 1953, alors qu’une proportion semblable a été atteinte à la Chambre des communes en 1980. En 2021, la représentation des femmes au Parlement a atteint 49 % au Sénat et 30 % à la Chambre des communes.Note : Les proportions de parlementaires qui sont des femmes représentent un aperçu ponctuel dans le temps et ont été calculées, dans le cas du Sénat, en fonction de la composition du Sénat le premier jour de séance de la législature et, dans le cas de la Chambre des communes, en fonction des résultats des élections générales fédérales.
Source : Figure préparée par la Bibliothèque du Parlement.

Résultats de la 44e élection générale fédérale

Pour obtenir un siège à la Chambre des communes, une personne doit d’abord et avant tout décider de se porter candidate. Selon Élections Canada, lors de la 44e élection générale fédérale, 37 % des personnes qui se sont portées candidates et qui ont déclaré leur identité de genre se sont identifiées comme étant des femmes, et 0,5 % se sont identifiées comme ayant une identité de genre autre que femme ou homme.

Le jour du scrutin, 103 des 338 sièges de la Chambre des communes ont été remportés par des femmes. C’est la première fois que la représentation des femmes à la Chambre des communes dépasse les 30 %. Toutefois, les progrès vers l’atteinte de la parité hommes-femmes à la Chambre des communes restent lents : la représentation des femmes à la 44e législature dépasse de seulement 0,9 % celle enregistrée au moment de la dissolution de la 43e législature en août 2021. Au 1er octobre 2021, le Canada se classait au 59e rang mondial pour ce qui est de la représentation des femmes dans les chambres basses ou uniques des parlements nationaux.

Des mises à jour et des ajouts récents aux données disponibles sur les personnes qui se portent candidates aux élections générales fédérales ont permis des analyses plus détaillées de la diversité parmi ces personnes. Selon des données tirées des travaux de Semra Sevi résumés dans Who Runs? Canadian Election Datasets [en anglais], parmi toutes les personnes candidates à la 44e élection générale fédérale :

  • 3 % étaient ouvertement membres des communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers et bispirituelles (LGBTQ2) [59 % de ces personnes étaient des femmes];
  • 2,4 % avaient des origines autochtones (52 % de ces personnes étaient des femmes).

Parmi les députés élus le 20 septembre 2021, 2,4 % étaient ouvertement membres des communautés LGBTQ2 et 3,3 % avaient des origines autochtones. De plus, l’élection de Blake Desjarlais, député d’Edmonton Griesbach, marquait l’élection du premier candidat ouvertement bispirituel.

Disponibilité des données sur la diversité des personnes candidates dans la politique électorale

Le droit des femmes à une participation pleine et égale à la vie publique et politique de leur pays est reconnu par la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes de 1979. La proportion de parlementaires qui sont des femmes, ou la représentation descriptive des femmes, est souvent utilisée pour mesurer l’exercice de ce droit. Par exemple, elle est utilisée pour mesurer les progrès vers la réalisation de l’objectif 5 des Objectifs de développement durable des Nations Unies et l’avancement de l’égalité des genres au Canada.

Il existe différentes sources de données sur l’identité de genre des personnes qui se portent candidates aux élections fédérales canadiennes. Élections Canada recueille des données d’auto-identification au moyen des actes de candidature, mais ces données ne sont pas toujours publiées. En outre, la Bibliothèque du Parlement compile des données sur l’identité de genre de toutes les personnes candidates à une élection fédérale, à partir de documents accessibles au public. D’autres organisations, comme À voix égales, et des initiatives de recherche recueillent des données ventilées par genre, mais, dans la plupart des cas, ces organisations ne recueillent de telles données qu’au sujet des personnes qui se portent candidates pour les principaux partis politiques.

Si la collecte et la disponibilité de données sur l’identité de genre sont importantes, la collecte et la disponibilité de données sur d’autres facteurs d’identité des parlementaires et des personnes qui se portent candidates sont tout aussi importantes pour comprendre la représentation de toutes les femmes dans les institutions politiques. Au Canada, Élections Canada ne recueille pas de données d’auto‑identification sur la diversité des personnes qui se portent candidates, comme la diversité raciale, l’orientation sexuelle et les origines autochtones. Au Canada, les partis politiques [en anglais] ne publient généralement pas de données individuelles sur la diversité démographique de leurs candidats.

En plus des données sur l’identité de genre, la Bibliothèque du Parlement compile des données accessibles au public sur l’origine autochtone, les liens familiaux au Parlement et le service militaire des parlementaires.

En 2021, un groupe de chercheurs canadiens [en anglais] a publié un ensemble de données concernant 4 516 candidats des cinq principaux partis politiques qui ont présenté des candidats aux élections générales fédérales de 2008, de 2011, de 2015 et de 2019; cet ensemble de données comprenait « des données inédites sur leur race, leur origine autochtone [traduction] ». Bien que les données montrent que la diversité parmi les candidats aux élections s’est améliorée depuis 2008, les personnes racisées ou autochtones sont sous-représentées à la fois comme candidats et comme députés par rapport à la représentation démographique de ces groupes dans la population générale. Dans l’ensemble, la diversité est plus grande chez les femmes députées que chez les hommes députés. En 2019, 24 % des femmes députées étaient racisées ou autochtones, contre 16 % des hommes députés (voir la figure 2).

Figure 2 – Proportion de députés élus aux élections générales fédérales de 2008 et de 2019 qui étaient blancs, racisés ou autochtones, par genre

Cette figure compare la proportion de députés élus aux élections générales fédérales de 2008 et de 2019 qui étaient blancs, racisés ou autochtones, selon le genre. La proportion de députés blancs a diminué en 2019 par rapport à 2008 – de 7 % pour les femmes et de 9 % pour les hommes. La proportion de femmes députées qui étaient racisées a augmenté, passant de 16 % en 2008 à 21 % en 2019. La proportion des hommes députés qui étaient racisés est passée de 5 % en 2008 à 13 % en 2019. La proportion de députés autochtones est passée de 1 % en 2008 à 3 % en 2019, tant chez les femmes que chez les hommes. Dans l’ensemble, il y avait une plus grande diversité chez les femmes que chez les hommes. En 2019, 24 % des femmes députées étaient racisées ou autochtones, comparativement à 16 % pour les hommes députés.Note : Les candidats indépendants ne sont pas pris en compte dans l’ensemble de données utilisé pour préparer la figure. Par conséquent, les trois députés qui ont été élus en tant qu’indépendants aux élections générales fédérales de 2008 et de 2019 ne sont pas représentés dans la figure.
Source :  Figure produite par la Bibliothèque du Parlement à partir de données tirées de Anna Elizabeth Johnson et al.,
Dataset on the Demographics of Canadian Federal Election Candidates (2008-2019), Harvard Dataverse Repository, V1, 2021, consultée le 15 novembre 2021 [en anglais].

Selon cet ensemble de données, parmi toutes les personnes élues aux élections générales fédérales de 2019, 28 % étaient des femmes, 15 % étaient des personnes racisées et près de 3 % étaient autochtones.

Des données sur la diversité de genre parmi les candidats et les députés des principaux partis politiques fédéraux au Canada sont généralement disponibles, ce qui permet d’analyser la représentation des femmes en politique fédérale. L’amélioration de la disponibilité de données faisant autorité et ventilées selon d’autres facteurs d’identité croisés pour les sénateurs, les députés et les candidats permettra d’étudier la représentation de divers groupes de population en politique fédérale au fil du temps.

Ressources additionnelles

Chambre des communes, Comité permanent de la condition féminine. Élisez-la : Feuille de route pour accroître la représentation des femmes sur la scène politique canadienne, quatorzième rapport, avril 2019.

de Geus, Roosmarijn et al., dir. Women, Power, and Political Representation: Canadian and Comparative Perspectives, 2021.

Tremblay, Manon. 100 questions sur les femmes en politique, 2018.

Union interparlementaire. Les femmes au Parlement : 2020, 2021.

Auteures : Clare Annett et Dominique Montpetit, Bibliothèque du Parlement



Catégories :Affaires sociales et communautaires, Gouvernement, Parlement et politique

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