Une bonne santé mentale et un sentiment de bien-être chez les jeunes favorisent une saine transition vers l’âge adulte. Les jeunes qui sont en bonne santé mentale sont plus susceptibles de terminer leurs études, d’entretenir de saines relations sociales, d’avoir une bonne confiance en soi, d’avoir de bons potentiels de revenus et de faire preuve de résilience.
La santé mentale est un état général de bien-être qui renvoie aux pensées, aux émotions et aux sentiments, tandis que la maladie mentale désigne un état précis, comme la dépression, l’anxiété, un trouble alimentaire ou la schizophrénie. Dans environ 70 % des cas, les symptômes de la maladie mentale se manifestent avant l’âge de 18 ans, d’où l’importance d’un diagnostic et d’un traitement précoces. Environ un Canadien sur cinq est touché par la maladie mentale avant l’âge de 25 ans. Cependant, beaucoup de jeunes ont du mal à obtenir des soins de santé mentale.
Les « jeunes » sont généralement les personnes âgées de 12 à 25 ans, qui traversent la période comprise entre l’enfance et l’âge adulte. Cependant, toutes les organisations n’utilisent pas nécessairement les mêmes tranches d’âge dans leurs rapports. Les tranches d’âge indiquées ci-dessous sont celles utilisées dans les travaux en question. Le présent document se concentre sur la santé mentale des jeunes avant la pandémie de COVID‑19. La question de l’incidence de la pandémie sur la santé mentale des Canadiens sera traitée dans une autre publication de la Bibliothèque du Parlement.
Aperçu de l’état de santé mentale des jeunes au Canada
La santé mentale des jeunes Canadiens
Selon les données de Statistique Canada de 2019, comparativement à tous les autres groupes d’âge, les jeunes de 15 à 30 ans étaient moins nombreux à déclarer avoir une santé mentale « excellente » ou « très bonne ». Parmi eux, les jeunes femmes et les jeunes de ménages à faible revenu étaient moins nombreux à déclarer avoir une bonne santé mentale.
La figure 1 ci-dessous montre que l’état de santé mentale déclaré par les adolescents canadiens âgés de 12 à 17 ans a diminué entre 2015 et 2021. Le déclin est plus prononcé chez les adolescentes que chez les adolescents.
Figure 1 – Santé mentale perçue (très bonne ou excellente) chez les jeunes âgés de 12 à 17 ans, par sexe, de 2015 à 2021, en pourcentage
Note : Les données pour 2020 et 2021 ont été recueillies pendant la pandémie de COVID‑19.
Source : Figure produite par la Bibliothèque du Parlement à partir de données tirées de Statistique Canada, « Tableau 13-10-0096-03 Santé mentale perçue, selon le groupe d’âge », base de données, consultée le 18 octobre 2022.
Les données de l’enquête sur la santé et le bien-être des adolescents en Europe et au Canada de 2017-2018 [en anglais] indiquent que l’état de santé mentale des adolescents a tendance à diminuer à mesure que ces derniers vieillissent. Les résultats d’une étude multinationale publiée en 2020 concernant les jeunes Canadiens âgés de 11 à 15 ans ont révélé une prévalence plus élevée de désespoir, de solitude et de nervosité, ainsi qu’un niveau de confiance en soi plus faible chez les jeunes de 10e année (4e année du secondaire) que chez ceux de 6e année. Dans tous les cas, les filles ont été moins nombreuses que les garçons à déclarer avoir une bonne santé mentale.
Outre l’âge et le sexe, différents facteurs sont associés à un moins bon état de santé mentale chez les jeunes, dont les suivants :
- l’insécurité alimentaire [en anglais];
- l’itinérance [en anglais], les traumatismes ou la violence;
- l’intimidation [en anglais];
- les maux récurrents ou troubles du sommeil;
- l’appartenance à la communauté 2ELGBTQI+;
- les antécédents de maladie mentale au sein de la famille;
- le temps d’écran [en anglais] et l’utilisation problématique des médias sociaux.
La maladie mentale et l’accès aux soins
L’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2012 comprenait un volet spécial sur la santé mentale. On y révélait que les troubles de l’humeur et les troubles liés à l’utilisation de substances étaient plus fréquents chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans que parmi les groupes plus âgés. Une analyse des données de l’ESCC de 2011 à 2018 [en anglais] a conclu que la prévalence des troubles anxieux et de l’humeur était en hausse chez les jeunes âgés de 12 à 24 ans. De plus, entre 2016 et 2020, une hausse correspondante de l’utilisation de médicaments d’ordonnance pour les troubles anxieux et de l’humeur a été constatée chez les jeunes de 5 à 24 ans, selon les données de l’Institut canadien d’information sur la santé, les taux d’ordonnance étant deux fois plus élevés chez les filles que chez les garçons.
L’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes de 2019 a révélé que parmi les jeunes de 12 à 17 ans, 7,4 % avaient reçu un diagnostic de trouble d’anxiété; 3,8 %, de trouble de l’humeur; et 0,6 %, de trouble alimentaire.
Selon un examen de l’accès et de la qualité des soins disponibles au Canada mené en 2018 [en anglais], malgré la prévalence de la maladie mentale chez les jeunes, beaucoup d’entre eux ne bénéficient pas d’un accès adéquat à des soins de santé mentale appropriés. Seul un jeune sur cinq ayant besoin de soins de santé mentale reçoit un traitement approprié quand il passe au système de santé pour adultes. Les populations marginalisées et les jeunes vivant dans des zones rurales et éloignées sont plus susceptibles de rencontrer des obstacles d’accès aux soins de santé mentale.
Le suicide chez les jeunes
Une mauvaise santé mentale et la maladie mentale sont associées à un risque accru de suicide [en anglais]. La figure 2 montre les taux de suicide chez les adolescents âgés de 15 à 19 ans, d’après les données soumises par les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en 2019. Le Canada affichait l’un des plus hauts taux de suicide rapportés par les pays de l’OCDE.
Figure 2 – Taux de suicide (par 100 000 habitants) chez les jeunes âgés de 15 à 19 ans dans les pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques en 2019
Source : Figure produite par la Bibliothèque du Parlement à partir de données tirées de Organisation mondiale de la Santé, Observatoire mondial de la santé, « Suicide rates, crude, among adolescents 15–19 years », Suicide rates, base de données, consultée le 21 juin 2022 [en anglais].
De 2016 à 2020, le suicide a été la deuxième cause de décès la plus fréquente chez les jeunes Canadiens âgés de 15 à 24 ans. Le taux de suicide était environ deux fois plus élevé chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes. Cependant, selon les données de Statistique Canada pour 2019, les jeunes femmes sont plus susceptibles que les jeunes hommes de déclarer avoir des pensées suicidaires.
Les taux de suicide sont plus élevés chez les jeunes Autochtones que chez l’ensemble des jeunes Canadiens. Les données de Statistique Canada de 2011 à 2016 indiquent que les taux de suicide étaient deux fois plus élevés chez les Métis et neuf fois plus élevés chez les Inuits que chez les non-Autochtones. Les estimations nationales des taux de suicide chez les jeunes ne tiennent pas compte de la variabilité entre les différentes communautés des Premières Nations, où le taux estimé de suicide varie de 0 à 633 pour 100 000 habitants.
Initiatives fédérales
Commission de la santé mentale du Canada
En 2012, la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC), qui est financée par le gouvernement fédéral, a publié une stratégie nationale en matière de santé mentale, dont un volet était axé sur la promotion de la santé et la prévention de la maladie chez les jeunes. En 2016, le Conseil des jeunes de la CSMC a présenté une version de cette stratégie axée sur les jeunes. Dans un rapport paru en 2015, la CSMC a ciblé la transition du système de services pour enfants et adolescents vers le système de services pour adultes au nombre des domaines prioritaires pour les politiques en matière de santé mentale.
Financement de la recherche sur la santé mentale des jeunes
L’initiative Réseau de réseaux – Services intégrés pour les jeunes, des Instituts de recherche en santé du Canada, finance des projets de recherche visant à améliorer la prestation des services en matière de santé mentale et d’utilisation de substances psychoactives pour les jeunes au Canada.
L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), par l’entremise du Fonds d’innovation pour la promotion de la santé mentale, offre aussi du financement pour les initiatives visant à promouvoir la santé mentale et à réduire les facteurs de risque chez les jeunes.
Prévention du suicide
Conformément à la Loi concernant l’établissement d’un cadre fédéral de prévention du suicide, adoptée en 2012, l’ASPC a publié le Cadre fédéral de prévention du suicide en 2016. Pour sa part, Santé Canada, en collaboration avec des organisations autochtones nationales, a publié en 2013 la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les jeunes Autochtones afin de lutter contre les taux élevés de suicide chez les jeunes Autochtones. La Stratégie nationale de prévention du suicide chez les Inuits [en anglais] a été élaborée et publiée en 2016 par l’Inuit Tapiriit Kanatami, un organisme sans but lucratif qui a pour mission de protéger et de faire progresser les droits et intérêts des Inuits au Canada. Services aux Autochtones Canada s’appuie sur cette stratégie pour orienter les services de bien-être mental.
Jeunesse, J’écoute
Le gouvernement fédéral fournit du financement à Jeunesse, J’écoute. Ce service d’aide en santé mentale offre un soutien gratuit aux jeunes. En juin 2022, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a annoncé une entente de 2 millions de dollars pour permettre à Jeunesse, J’écoute d’étendre ses services aux jeunes Afghans et Ukrainiens fuyant les conflits qui sévissent dans leur pays.
Par Kelly Farrah et Sonya Norris, Bibliothèque du Parlement
Catégories :Affaires sociales et communautaires, Questions d'actualité en santé mentale au Canada