Les peuples autochtones et les sports au Canada

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Vous pouvez également consulter d’autres Notes de la Colline en l’honneur de la Journée nationale des peuples autochtones.

(Available in English: Indigenous Peoples and Sport in Canada)

Dans le cadre de la Journée nationale des peuples autochtones, le 21 juin des collectivités de toutes les régions du Canada organiseront des activités mettant à l’honneur la culture et les contributions autochtones au Canada. Les peuples autochtones ont joué un rôle essentiel dans l’évolution des sports au Canada et certains de leurs athlètes, entraîneurs et organisateurs ont connu beaucoup de succès.

Pendant des milliers d’années, les peuples autochtones ont pratiqué leurs propres sports pour maîtriser les aptitudes à la survie et à la vie courante, pour le plaisir et pour la rivalité. La contribution des peuples autochtones est visible aujourd’hui dans des sports comme le kayak, le canot et la raquette. À l’origine, la crosse était pratiquée par les Autochtones de la côte est de l’Amérique du Nord. Les Européens ont modifié la version autochtone de la crosse, et cette version a été reconnue comme sport d’été national du Canada en 1994.

L’équipe de crosse des Mohawks de Kahnawake a remporté le championnat national en 1869.
Photo de James Inglis, reproduite avec l’aimable autorisation de Bibliothèque et Archives Canada.

Les réalisations et l’apport des peuples autochtones dans les sports sont souvent sous-estimés et restent généralement méconnus des Canadiens. Ce fait a été mis en évidence par la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) dans l’appel à l’action 87, selon lequel tous les ordres de gouvernement, en collaboration avec les peuples autochtones et d’autres organisations, doivent « sensibiliser le public à l’histoire des athlètes autochtones du pays ».

Les pensionnats et les journées sportives

Certains pensionnats offraient des programmes de loisirs et de sports aux élèves. Ces programmes étaient sous-financés, mal équipés et, souvent, sans installation adéquate. Malgré cela, beaucoup d’anciens élèves ont dit que le sport les avait aidés à survivre à l’expérience pénible et aux mauvais traitements subis dans ces établissements.

En 1885, les modifications à la Loi sur les Indiens ont interdit la pratique de cérémonies culturelles comme le potlatch et la danse du soleil. Certains agents des Indiens ont tenté de remplacer ces cérémonies par des journées sportives, qui étaient organisées dans de nombreuses réserves des Premières Nations. Les fêtes du sport étaient populaires, donnant l’occasion aux membres des diverses collectivités de se côtoyer et favorisant la concurrence entre les collectivités et à l’intérieur de celles-ci.

Réalisations sportives des peuples autochtones

À travers l’histoire du Canada les athlètes autochtones étaient interdits de participation aux épreuves sportives ou relégués à des catégories distinctes. De nombreux athlètes autochtones ont fait fi des politiques d’exclusion et d’autres formes de discrimination, et ont brillé sur la scène sportive tant régionale, nationale qu’internationale.

Tom Longboat, coureur de fond onondaga, a remporté le marathon de Boston en 1907 et a représenté le Canada aux Jeux olympiques de Paris, en 1908.

TomLongboat2

Tom Longboat a été coureur de fond lors de nombreux événements organisés en Amérique du Nord et en Europe dans le cadre d’une carrière qui a débuté en 1906.
Photo: Canada’s Sports Hall of Fame | Panthéon des sports canadiens 
SPORTSHALL.CA | PANTHEONSPORTS.CA

Instauré en sa mémoire en 1951, le prix Tom Longboat est une récompense prestigieuse qui souligne les réalisations d’athlètes autochtones au Canada. Il a été décerné récemment aux athlètes Jordin Tootoo, premier hockeyeur inuit de la Ligue nationale de hockey, et James Lavallée, kayakiste métis triple médaillé d’or aux Jeux du Canada de 2017.

La joueuse de water-polo mohawke Waneek Horn-Miller, cocapitaine de l’équipe nationale canadienne aux Jeux olympiques de 2000, a aussi remporté le prix, tout comme de nombreux autres olympiens autochtones, comme Shirley et Sharon Firth (skieuses de fond gwich’in), Carey Price (joueur de hockey nuxalk et southern carrier) et Carolyn Darbyshire‑McRorie (joueuse de curling métisse).

Trois skieuses de fond de la Première Nation des Gwich’in montent sur le podium aux Jeux d’hiver du Canada de 1971 : Shirley Firth (médaille d’or), Sharon Firth (médaille d’argent) et Roseanne Allen (médaille de bronze). Toutes trois ont par la suite représenté le Canada aux Olympiques. Photo de la Direction de la santé et du sport amateur du gouvernement du Canada, reproduite avec l’aimable autorisation de Bibliothèque et Archives Canada.
Carey Price est gardien de but pour les Canadiens de Montréal. Il a fait partie de l’équipe du Canada aux Jeux olympiques de 2014 et de 2018. Photo de Kristina Servant. Licence : CC BY 2.0.
Kevin Koe, capitaine d’équipe d’ascendance Gwich’in, a remporté de multiples championnats de curling nationaux et mondiaux. Photo de Fabien Perissinotto. Licence : CC BY-SA 4.0.

Certains athlètes des Premières Nations ont représenté leurs propres nations dans le cadre de compétitions sportives autochtones et mondiales. Par exemple, l’équipe nationale de la Nation iroquoise a participé aux derniers Championnats du monde de crosse masculine et féminine de la Fédération de crosse internationale.

Compétitions sportives autochtones

Les peuples autochtones ont aussi organisé leurs propres compétitions sportives, comme les Jeux autochtones de l’Amérique du Nord [en anglais seulement]. Bien que l’idée de créer un événement sportif autochtone soit née dans les années 1970, les premiers Jeux ont été tenus en 1990 à Edmonton. Aujourd’hui, ils ont lieu tous les trois ans et rassemblent de jeunes autochtones adeptes de sports comme le canot, le kayak, le softball, la natation, la lutte et le volleyball. Les prochains Jeux se tiendront à Halifax en 2020.

Les Jeux d’hiver de l’Arctique, organisés pour la première fois en 1969, ont réuni des athlètes de toutes les régions de l’Arctique dans le cadre de diverses épreuves, notamment des sports traditionnels inuits et dénés. Ces sports, intégrés en 1990, mettent en valeur les qualités athlétiques et certaines habiletés nécessaires à la vie en mer, sur la glace et à terre. Le coup de pied simple est un jeu inuit traditionnel qui consiste à suspendre à une certaine hauteur une cible, habituellement une balle en peau de phoque, que l’athlète doit tenter de botter ou de toucher avec un pied en sautant dans les airs puis en retombant sur le pied ayant atteint la cible. Les jeux de main dénés, pratiqués dans les Premières Nations du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest, visent à tromper l’équipe adverse, qui doit deviner au son de tambours dans quelle main est caché un objet.

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Athlète qui participe à l’épreuve du coup de pied double lors des Jeux d’hiver de l’Arctique de 2008, à Yellowknife. Le coup de pied double ressemble au coup de pied simple. L’athlète doit toutefois sauter et toucher la cible avec les deux pieds en même temps avant de retomber au sol sans perdre l’équilibre.
Photo de Xander, utilisateur de Flickr [recadrée]. Licence :
CC BY 2.0.

Les sports favorisent non seulement l’adoption de saines habitudes, mais cultivent aussi l’identité autochtone comme source de fierté et de confiance. Avant d’atteindre l’excellence dans les sports, les peuples autochtones ont surmonté de nombreux obstacles, comme le manque d’infrastructures et de ressources, en passant par le racisme. En reconnaissant ces obstacles, la CVR a énoncé plusieurs appels à l’action, dont la création d’initiatives et de programmes de portée nationale se rattachant aux sports qui intègrent les peuples autochtones, d’un programme de développement d’athlètes d’élite pour les Autochtones et de programmes de sensibilisation contre le racisme.

Par leur persévérance et leur détermination, les athlètes autochtones continuent à inspirer les jeunes et à exceller. Comme l’a dit Carey Price : « J’ai réussi parce que je ne me suis pas découragé. J’ai travaillé d’arrache-pied pour me rendre jusqu’ici, profité de chaque occasion qui s’est présentée. Je tiens vraiment à encourager les jeunes des Premières Nations à être des leaders dans leurs collectivités. Soyez fiers de vos racines, et ne vous laissez pas dissuader par l’improbable » [traduction].

Autres sources

Aboriginal Peoples & Sport in Canada, Janice Forsyth et Audrey R. Giles (dir.), 2013.

Frank Constantino, Afros, Aboriginals and Amateur Sport in Pre World War One Canada, 1998.

Rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, 2015.

Aboriginal Sports Circle NWT, « Arctic Sports & Dene Games » [en anglais seulement].

Auteurs : Brittany Collier et Matthew Blackshaw, Bibliothèque du Parlement



Catégories :Affaires autochtones, Arts, culture et divertissement

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