Available in English: Update – The Monarch Butterfly: An Icon Endangered
Le monarque, l’une des espèces emblématiques du Canada, court actuellement le risque d’une disparition imminente.
En 2016, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a classé le monarque dans la catégorie des espèces en voie de disparition. Parallèlement, une récente étude américaine [en anglais seulement] affirme qu’il est fort probable que le monarque soit en état de quasi-disparition – à savoir que sa population sera trop faible pour permettre un repeuplement – d’ici les 20 prochaines années.
Le monarque est une espèce migratoire. Au fil du déplacement progressif de générations successives, les monarques effectuent un périple de plusieurs milliers de kilomètres pour rejoindre leurs aires d’hivernage, dans les montagnes du Mexique ou dans le sud de la Californie, aux États-Unis (figure 1), et pour en revenir. Le monarque est exposé à des menaces dans toute son aire de répartition, et son rétablissement nécessite donc des efforts conjoints de la part des trois pays.
Figure 1 – Voies migratoires du monarque en Amérique du Nord
Source : Carte adaptée d’Environnement Canada, Registre public des espèces en péril, Plan de gestion du monarque (Danaus plexippus) au Canada – 2014 [proposition], figure 3.
Une population en déclin
Les monarques que l’on trouve au Canada se divisent en deux populations, selon qu’ils vivent à l’ouest ou à l’est des Rocheuses. La population de l’ouest du pays hiverne en Californie, tandis que la population de l’est, plus abondante, passe l’hiver dans les forêts mexicaines. De petites populations résidentes de monarques sont aussi présentes dans le sud de la Floride.
Les dénombrements de populations sont effectués durant la période d’hivernage de l’espèce. Au Mexique, la superficie de forêt occupée par les colonies de monarques de la population de l’est durant cette période sert d’indicateur du nombre d’individus arrivant du Canada et des États unis chaque année.
Comme l’indique la figure 2, cette superficie peut varier considérablement, mais elle a généralement diminué depuis les années 1990. Selon certaines sources [en anglais seulement], la population a décliné d’environ 80 % au cours de la dernière décennie. Selon des données recueillies par des bénévoles de la Californie [en anglais seulement], la population de l’ouest aurait également considérablement décliné, de 74 %, depuis les années 1990.
Figure 2 – Superficie de forêt (hectares) occupée par la population de l’est du monarque, Mexique, 1993-2016
Note : La mesure est effectuée en décembre de chaque année.
Source : Figure préparée par les auteurs à partir de données tirées MonarchWatch.org, Monarch Population Status [en anglais seulement], 11 février 2017.
La perte d’habitat constitue un facteur clé
Le COSEPAC a identifié un certain nombre de problèmes qui contribuent au déclin de la population du monarque. La perte et la dégradation de l’habitat dans les aires d’hivernage – causées en grande partie par l’exploitation forestière illégale au Mexique et le développement immobilier en Californie – constituent plus particulièrement des facteurs clés. L’éclaircissement des forêts qui composent l’habitat au Mexique expose les monarques y hivernant à des conditions météorologiques défavorables, causes de mortalité massive.
Un autre facteur est l’utilisation généralisée des pesticides et des herbicides en Amérique du Nord. Le recours à des cultures génétiquement modifiées (« Roundup Ready ») a entraîné un accroissement des pulvérisations dans des zones connues pour abriter l’asclépiade. Cette dernière constitue un habitat essentiel de reproduction pour le monarque puisque sa chenille se nourrit exclusivement d’elle.
Cependant, certains chercheurs [en anglais seulement] sont d’avis que le déclin de la population du monarque est lié à des problèmes lors de la migration automnale, alors que le monarque n’a plus besoin de l’asclépiade. Des facteurs tels que le manque de sources de nectar ou la fragmentation de l’habitat pourraient jouer un rôle dans le déclin de la population.
Initiatives gouvernementales : exemples du Canada, des États-Unis et du Mexique
Au Canada, la gestion de l’habitat essentiel du monarque est principalement de compétence provinciale. Plusieurs provinces ont mis en place des programmes de gestion et de conservation du monarque. Le gouvernement fédéral joue toutefois un rôle dans la conservation de l’espèce, du fait de sa responsabilité en matière d’affaires internationales et de son pouvoir de conclure des ententes internationales.
Le gouvernement fédéral favorise également la coordination intergouvernementale des activités de conservation en menant des recherches scientifiques et en appuyant, sur le plan financier et technique, la conservation de l’espèce.
Le monarque figure actuellement sur la liste des espèces « préoccupantes » de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada. Le gouvernement a publié en 2016 un Plan de gestion du monarque.
À l’automne 2017, le COSEPAC soumettra au ministère de l’Environnement et du Changement climatique sa plus récente évaluation de l’état du monarque. Si, au vu de cette évaluation, le gouvernement décide de modifier l’état du monarque et de l’inclure dans la liste des espèces en voie de disparition, il aura l’obligation de proposer un programme de rétablissement dans un délai d’un an. En vertu de la LEP, un ou plusieurs plans d’action devront alors être établis en se fondant sur ce programme de rétablissement.
Aux États-Unis, le monarque n’est pas encore protégé en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition [Endangered Species Act]. Cependant, donnant suite à une pétition de 2014, le Service américain de la faune aquatique et terrestre [U.S. Fish and Wildlife Service] mène actuellement une évaluation. Une décision en matière de statut doit être prise en juin 2019.
Ce Service a annoncé en février 2015 un budget de 3,2 millions de dollars américains [en anglais seulement] alloué aux efforts de conservation du monarque. Un Projet conjoint sur le monarque [Monarch Joint Venture [en anglais seulement]], consistant en un partenariat entre des agences fédérales et des États, des organismes non gouvernementaux et des programmes universitaires, a été lancé afin de coordonner la protection de la migration du monarque à travers tous les États (sauf l’Alaska et Hawaï).
Au Mexique, la désignation des aires d’hivernage comme réserves fauniques (de divers types) en assure la protection depuis les années 1980. La Réserve de biosphère du papillon monarque, créée en 2000 et reconnue comme site du patrimoine mondial en 2008, couvre plus de 560 kilomètres carrés.
Les mesures d’application de la loi prises par le gouvernement mexicain ont permis de réduire le déboisement illégal dans la réserve. Parallèlement, de multiples initiatives publiques et privées visant à améliorer la situation économique de la région ont eu pour effet de dissuader les gens, localement, d’exploiter illégalement la forêt. En juin 2016, le président Peña Nieto a déclaré [en anglais seulement] que son pays s’est fixé comme objectif d’élargir les aires d’hivernage du monarque au Mexique de 4,1 à 6 hectares d’ici 2018.
Sur le plan trilatéral, la Commission de coopération environnementale a publié en 2008 un Plan nord-américain de conservation du monarque. En mars 2014, le premier ministre du Canada et les présidents des États-Unis et du Mexique ont publié une déclaration commune annonçant la création d’un groupe de travail chargé d’assurer la conservation du monarque.
Auteurs : Penny Becklumb et Tim Williams, Bibliothèque du Parlement
Catégories :Agriculture, environnement, pêches et ressources naturelles