La pandémie de COVID-19, l’infodémie sur la COVID-19 et la littératie des données

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6 avril 2021, 8h40

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Des renseignements à jour et exacts constituent des éléments clés de la réponse mondiale et canadienne à la pandémie de COVID-19. La présente Note de la Colline aborde l’incidence de l’information et de la mésinformation sur la réponse des autorités sanitaires à la pandémie de COVID‑19, notamment en ce qui a trait aux campagnes de vaccination. Elle traite des différences au chapitre des taux de réticence à la vaccination en fonction de facteurs démographiques et fournit un résumé des réponses à l’infodémie de la part des gouvernements, des Nations Unies et des entreprises.

Qu’entend-on par l’infodémie sur la COVID-19?

L’Organisation mondiale de la Santé, d’autres organismes des Nations Unies et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ont souligné l’importance de s’attaquer à l’« infodémie » sur la COVID-19 afin d’enrayer la pandémie.

Le terme « infodémie » [en anglais] peut être interprété comme une surabondance d’informations, de véracité très variable, concernant une crise, une controverse ou un événement, circulant rapidement et de façon incontrôlée dans les nouvelles, en ligne et dans les médias sociaux, qui est perçue comme exacerbant la spéculation ou l’anxiété de la population.

L’Agence de la santé publique du Canada a publié un avertissement concernant l’incidence qu’une infodémie – et plus particulièrement la diffusion d’informations erronées – pourrait avoir sur la réponse à la pandémie du Canada :

La pandémie de COVID-19 a clairement montré que des renseignements exacts et à point nommé sont essentiels pour sauver des vies. Tout au long de la pandémie, nous avons misé sur la technologie et les plateformes de diffusion d’information pour assurer notre sécurité, nous informer et nous brancher. Ces plateformes ont cependant contribué à une surabondance d’information, un genre « d’infodémie », qui aggrave la pandémie actuelle en permettant à de fausses informations de circuler plus facilement, ce qui entrave les réponses de la santé publique, crée de la confusion et de la méfiance et, en fin de compte, fait en sorte qu’il soit plus difficile de prendre des décisions vitales au sujet de sa santé et de sa sécurité.

L’infodémie sur la COVID-19 et les attitudes envers la vaccination contre la COVID-19

Statistique Canada définit la littératie des données comme étant « les compétences nécessaires pour travailler avec les données, y compris les connaissances et les compétences requises pour les lire, les analyser, les interpréter, les visualiser et les communiquer ainsi que pour comprendre comment elles sont utilisées dans la prise de décisions ».

Certaines personnes sont réticentes à se faire vacciner parce qu’elles n’ont pas tous les renseignements voulus ou disposent de renseignements inexacts. Les principales raisons de la réticence observée sont les suivantes : inquiétudes concernant l’efficacité des vaccins, manque de renseignements sur les effets secondaires possibles ou les ingrédients des vaccins et méfiance envers les représentants du gouvernement ou les entreprises pharmaceutiques.

En septembre 2020, Statistique Canada a mesuré l’intention des Canadiens de se faire vacciner contre la COVID‑19. Selon les résultats de l’enquête, 75 % des Canadiens ont indiqué qu’il était plutôt probable ou très probable qu’ils choisissent de recevoir le vaccin contre la COVID‑19. Cette enquête a révélé que les Canadiens plus âgés et ceux détenant un diplôme d’études postsecondaires étaient plus susceptibles de se faire vacciner contre la COVID-19.

Ces résultats sont comparables aux constatations d’études menées dans d’autres pays entre juillet et décembre 2020. En revanche, les taux d’acceptation varient grandement en fonction du pays [en anglais], allant de 97 % en Équateur à 23,6 % au Koweït, selon les résultats d’une étude publiée en janvier 2021. Les taux de réticence à la vaccination diminuent [en anglais] depuis le début de la pandémie, à mesure que de plus amples renseignements sur la sécurité et l’efficacité des vaccins sont offerts.

Les taux d’acceptation des vaccins ne varient pas seulement d’un pays à l’autre; ils fluctuent également pour les différents groupes raciaux ou ethniques à l’intérieur des pays. Une enquête menée en décembre 2020 par la Royal Society for Public Health [en anglais] du Royaume-Uni a révélé que 79 % des répondants blancs ont signalé leur intention de se faire vacciner contre la COVID‑19, tandis que seulement 55 % des répondants d’origine asiatique étaient disposés à se faire vacciner. Une enquête [en anglais] réalisée en France en juillet 2020 a associé la réticence à la vaccination au sexe, au groupe d’âge et au niveau d’instruction.

Aux États-Unis, une enquête effectuée par le Pew Research Center [en anglais] en novembre 2020 a révélé que parmi les adultes sondés, 83 % des Américains d’origine asiatique, 61 % des Américains blancs et 42 % des Afro-Américains avaient l’intention de se faire vacciner. La méfiance historique liée au racisme et à la discrimination systémiques a été citée comme étant la cause [en anglais] de ces faibles taux d’acceptation des vaccins, notamment parmi les populations noires.

Certains gouvernements et organismes, comme le Black Scientists’ Task Force on Vaccine Equity [en anglais] de la Ville de Toronto, ont élaboré des plans de sensibilisation et d’éducation du public ciblant les groupes présentant des taux de réticence à la vaccination plus élevés.

Mesures prises pour s’attaquer à l’infodémie sur la COVID‑19

Dans le contexte du déploiement des programmes de vaccination contre la COVID-19 partout dans le monde, des gouvernements, des organismes de santé et des entreprises privées ont entrepris de s’attaquer à l’infodémie sur la COVID-19 et, plus particulièrement, à la mésinformation et à la désinformation concernant les vaccins (la distribution d’informations erronées dans le but de nuire ou de tromper), qui peuvent influer sur la décision des gens de se faire vacciner.

Deux grandes approches ont été adoptées. La première visait à lutter contre les déclarations non fondées et à diffuser des renseignements à jour et exacts. La deuxième consistait à renforcer les capacités en matière de littératie des données. La liste qui suit résume certaines des mesures qui ont été prises par différentes entités à l’échelle mondiale.

Gouvernements

Nations Unies

Entreprises de médias sociaux

Les plateformes de médias sociaux se sont engagées publiquement à repérer ou à supprimer le contenu signalé comme contenant des renseignements inexacts sur la pandémie de COVID‑19.

  • Facebook [en anglais] a publié un communiqué le 3 décembre 2020 indiquant qu’au cours des prochaines semaines, la plateforme commencerait à supprimer les fausses affirmations concernant les vaccins qui ont été réfutées par des experts en santé publique sur Facebook et Instagram.
  • Twitter [en anglais] a adopté une approche semblable et a annoncé le 16 décembre 2020 que la plateforme aura comme priorité de supprimer les renseignements les plus trompeurs et qu’au cours des prochaines semaines, elle commencera à étiqueter les gazouillis qui contiennent de l’information possiblement trompeuse concernant les vaccins.

Des campagnes de vaccination contre la COVID-19 couronnées de succès sont nécessaires pour enrayer la pandémie. L’information que reçoivent les gens influe sur leur disposition à se faire vacciner contre la COVID-19. Les gouvernements, organismes internationaux et entreprises de médias sociaux élaborent des approches pour s’attaquer à la mésinformation et à la désinformation concernant la COVID-19.

Auteures : Élyse Lemay et Melissa Fraser-Arnott, Bibliothèque du Parlement



Catégories :Affaires sociales et communautaires, COVID-19, Information et communications

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