Journée internationale des femmes 2021 : assurer une relance sensible au genre suite à la pandémie de COVID-19

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La Journée internationale de la femme (JIF) est célébrée le 8 mars chaque année. Le thème d’ONU Femmes pour 2021 est « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la COVID-19 ». Le thème est une reconnaissance des effets disproportionnés que la pandémie de COVID‑19 a sur les femmes, ainsi que de la contribution capitale apportée par les femmes qui travaillent en première ligne à titre de professionnelles de la santé, de pourvoyeuses de soins et de piliers des organisations communautaires.

De la même manière, le thème adopté par le gouvernement du Canada pour la JIF 2021 est celui de la #RelanceFéministe, qui met à l’avant-plan une approche sensible au genre et féministe en vue de la relance postpandémie.

La présente Note de la Colline aborde certains des effets que la pandémie de COVID‑19 a eus sur les femmes, ainsi que la question de l’égalité des genres au Canada. L’importance de la représentation des femmes dans les rôles de leadership, en particulier pendant la pandémie de COVID‑19, est également abordée.

Quels sont les effets de la pandémie de COVID‑19 sur l’égalité des genres?

La JIF 2021 a lieu presque un an jour pour jour après que l’Organisation mondiale de la santé ait qualifié l’éclosion de COVID‑19 de pandémie. De nombreuses organisations, notamment ONU Femmes [en anglais], ont souligné que la pandémie de COVID‑19 exacerbe les inégalités existantes entre les genres et elles ont mis en garde contre un recul possible des progrès obtenus dans les dernières décennies en matière d’égalité des genres.

Statistique Canada mentionne que la plupart des femmes occupent toujours des emplois dans les secteurs qui ont historiquement été dominés par la présence des femmes. En 2015, environ 56 % des femmes sur le marché du travail exerçaient des professions associées à cinq domaines particuliers, que l’on nomme les « 5 C » en anglais, soit la prestation de soins, les emplois de bureau, les services de traiteur, les emplois de caissiers et le nettoyage. La Fondation canadienne des femmes [en anglais] a mis en évidence les risques accrus courus par les femmes pendant cette pandémie en raison de leur présence dans les emplois de première ligne et de leur responsabilité disproportionnée en matière de prestation de soins – y compris le risque accru d’exposition au virus SARS-CoV-2 (le virus causant la COVID-19) et les risques liés à la santé mentale.

Les femmes sont encore aujourd’hui responsables de façon disproportionnée des tâches domestiques, malgré une augmentation de la contribution des hommes depuis le début de la pandémie. Les femmes rapportent également de façon disproportionnée être responsables de l’enseignement à domicile, une tâche rendue nécessaire en raison de la fermeture des écoles entraînées par la pandémie. La charge additionnelle provoquée par la prestation de soins et les tâches domestiques non rémunérées, notamment l’enseignement à domicile, peut mener les femmes à réduire le nombre d’heures de travail rémunéré qu’elles effectuent ou à se retirer du marché du travail..

Les femmes ont pris plus de temps à retrouver un emploi que les hommes après la première vague de la pandémie. Les données de janvier 2021, pendant la deuxième vague, indiquent que la majeure partie du déclin de l’emploi touche les femmes et les jeunes. Les pertes d’emplois ont surtout eu lieu dans les secteurs (hébergement et services alimentaires, commerce de détail, etc.) touchés directement par l’accroissement des mesures de la santé publique mises en place pour la période des Fêtes ou après celle-ci et elles sont attribuables au déclin du nombre de postes à temps partiel.

Certains intervenants, comme le gouvernement du Canada, ont dit des impacts économiques de la pandémie qu’ils représentaient une « récession au féminin », en reconnaissance de l’impact disproportionné qu’a la pandémie sur les femmes.

ONU Femmes a affirmé que, pour arriver à un futur égalitaire, les « perspectives des femmes et des filles dans toute leur diversité doivent être intégrées dans la formulation et la mise en œuvre des politiques et des programmes dans tous les domaines et à tous les stades des plans de lutte et de relance mis en place dans le cadre de la pandémie ». En outre, l’Union interparlementaire a mentionné que les parlements « devraient proposer des lois sensibles au genre » et « tenant compte d’autres besoins liés à la catégorie sociale ».

Des organisations et des intervenants du Canada, comme la Commission canadienne des droits de la personne et la Fondation canadienne des femmes, ont souligné l’importance du recours à une approche féministe intersectionnelle en vue de la relance économique post-COVID‑19. En outre, le Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes (FEWO) a entendu un témoignage qui soulignait la nécessité d’une relance féministe et sexospécifique lors de son étude des impacts de la pandémie de COVID‑19 sur les femmes.

Dans le discours du Trône du 23 septembre 2020, le gouvernement du Canada s’est engagé à établir le « Plan d’action pour les femmes dans l’économie pour aider plus de femmes à retourner sur le marché du travail et veiller à gérer la pandémie et la reprise d’un point de vue féministe et intersectionnel ». Afin de souligner la JIF 2021, le ministère des Femmes et de l’Égalité des genres a annoncé la tenue d’un sommet de deux jours sur la réponse et la relance féministes du Canada face à la pandémie de COVID‑19.

Représentation des femmes dans les postes de leadership

Selon ONU Femmes, la diversité des points de vue des femmes doit être incluse dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de réponse à la pandémie de COVID‑19 et de relance. Même si elles représentent la majorité des travailleurs de première ligne, les femmes ne sont pas adéquatement représentées dans les postes décisionnels en ce qui concerne la pandémie de COVID‑19.

L’organisation souligne que le leadership des femmes et leur participation à la prise de décisions [en anglais] sont essentiels pour assurer qu’on répondra aux besoins des femmes dans les plans de réponse à la COVID‑19 et de relance. Or, les femmes continuent de faire face à des obstacles lorsqu’elles veulent obtenir des postes de leadership ou des postes décisionnels.

La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) reconnaît le droit des femmes de prendre part à la vie publique et à la prise de décisions. Plus précisément, l’article 7 de la CEDEF mentionne que les États parties doivent prendre toutes les mesures appropriées pour assurer le droit des femmes de prendre part à l’élaboration des politiques de l’État et d’exercer toutes les fonctions publiques à tous les échelons du gouvernement. En outre, la cible 5.5 de l’objectif 5 des objectifs de développement durable est de « garantir la participation entière et effective des femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique ».

Malgré ces engagements, les femmes demeurent sous-représentées dans les postes de leadership et les postes décisionnels dans les secteurs privé et public, autant au Canada que dans le reste du monde.

Dans la sphère politique, en date du 1er janvier 2021, les femmes représentaient 25,5 % de tous les parlementaires à l’échelle mondiale. Au Canada, en date du 26 février 2021, les femmes détenaient 49,5 % des sièges occupés au Sénat, et 29,6 % des sièges occupés à la Chambre des communes. Même si la participation des femmes à titre de candidates aux élections générales fédérales s’est accrue au cours des dernières décennies, elles sont toujours sous-représentées – elles comptaient pour 34 % des candidats lors de la plus récente élection générale fédérale.

Figure 1 – Représentation des candidates aux élections générales fédérales

À la figure 1, on peut voir la représentation des femmes comme candidates aux élections générales fédérales depuis 1968. L’axe vertical montre le pourcentage de candidates et l’axe horizontal indique les années où une élection générale a eu lieu. Le nombre de candidates est également indiqué pour chacune des élections générales. La figure 1 montre une tendance croissante de la représentation des femmes parmi les candidats depuis 1968, passant de 4 % cette année-là à 34 % en 2019.

Source : Figure préparée par les auteurs selon les données obtenues d’Élections Canada le 2 décembre 2019; Parlement du Canada, « Candidates aux élections générales », Parlinfo; Parlement du Canada, « Élections et candidats », Parlinfo.

Durant la 42e législature, différentes initiatives parlementaires ont été mises sur pied afin d’augmenter la représentation des femmes dans les postes de leadership. Dans un rapport de 2019, FEWO a recommandé que le gouvernement du Canada augmente le financement consacré aux organismes et aux initiatives qui soutiennent l’engagement et l’autonomisation politiques de divers groupes de femmes.

Ressources supplémentaires

Clare Annett et Dominique Montpetit, La situation de la progression de l’égalité des genres au Canada : le 25e anniversaire de la Déclaration et Programme d’action de Beijing, Notes de la Colline, Bibliothèque du Parlement, 1er octobre 2020.

Dominique Montpetit et Laura Munn-Rivard, La pandémie de COVID‑19 et le genre : sélection de points à prendre en considération, Notes de la Colline, Bibliothèque du Parlement, 29 avril 2020.

Clare Annett, Robert Mason et Laura Munn-Rivard, Résultats cliniques dans différentes populations au Canada lors de pandémies, Notes de la Colline, Bibliothèque du Parlement, 6 avril 2020.

Dominique Montpetit, Les femmes au Parlement du Canada, Notes de la Colline, Bibliothèque du Parlement, 23 janvier 2020.

Auteures : Clare Annett et Dominique Montpetit, Bibliothèque du Parlement



Catégories :Affaires sociales et communautaires, Emploi et travail

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