Le 1 mai 2020, 10h20
(Available in English: International Institutions, Cooperation and the COVID-19 Pandemic)
La pandémie de COVID‑19 a mobilisé les organismes internationaux que des États souverains ont fondés afin de faciliter la coopération en cas de crise ou d’enjeu mondiaux. Un tel engagement présente certains avantages, comme la mise en commun des capacités et du savoir, la multiplication des efforts, la dispersion du risque et, ultimement, une probabilité accrue d’atteindre un résultat favorable et mutuellement bénéfique.
Reflétant les dimensions sanitaire, sociale et économique de la pandémie virale, chaque organisme apporte sa propre contribution, ses membres et ses ressources à la gestion de la crise. La présente Note de la Colline met en lumière certains de ces organismes.
Le réseau des Nations Unies
L’Organisation des Nations Unies (ONU), dont l’année 2020 marque le 75e anniversaire, est l’un des organismes les plus structurés et polyvalents à contribuer à la lutte mondiale contre la pandémie de COVID‑19. L’ONU, qui compte 193 États membres, et son vaste réseau d’organes, d’organismes et de programmes ont été actifs sur de nombreux fronts.
Parmi ces entités, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été particulièrement active. Dès que son bureau de la Chine a signalé une pneumonie de cause inconnue à Wuhan le 31 décembre 2019, l’OMS a joué un rôle de premier plan dans la coordination des efforts de préparation, d’intervention et de rétablissement de ses 194[i] États membres face à la pandémie de COVID‑19.
Entre autres mesures, l’OMS a :
- formulé des lignes directrices à l’intention des écoles, des lieux de travail, des fournisseurs de soins de santé et des fonctionnaires sur la manière de réduire et de contenir la propagation de la maladie;
- offert des ressources pour informer le public et former les travailleurs de la santé;
- expédié des articles essentiels, comme de l’équipement de protection individuelle et des trousses de dépistage afin de répondre à la hausse subite de la demande à l’échelle mondiale;
- contré la désinformation sur la maladie et les formes de traitement.
L’OMS a également accéléré la coordination de la recherche effectuée par les secteurs public et privé sur le virus et la mise au point de tests diagnostiques, de vaccins et de médicaments efficaces, y compris les essais cliniques. Elle collabore aussi avec des pays à la création de stratégies pour la levée des restrictions en matière de confinement.
Dans bien des cas, l’OMS travaille en tandem avec d’autres organismes, y compris le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), dont les activités de lutte contre la COVID‑19 concordent avec sa mission globale, qui consiste à éradiquer la pauvreté, à réduire les inégalités et à accroître la résilience afin de soutenir le développement. Financé en partie par des dons provenant des États membres de l’ONU, le PNUD axe ses efforts sur les pays les plus touchés, dont ceux qui sont les plus vulnérables en raison de la faiblesse de leur système de santé ou d’autres systèmes, ou qui sont en crise.
Autre exemple : l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, dirigée par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Fondé en 1950 pour faire face aux conséquences de la Deuxième Guerre mondiale et venir en aide aux réfugiés, aux demandeurs d’asile, aux personnes déplacées et apatrides, le HCR a depuis élargi son mandat pour inclure l’assistance et les interventions en matière de santé publique contre des éclosions d’infections virales comme la COVID‑19. Dans un contexte où 70 millions de personnes ont été déplacées de force dans le monde et plus de 90 pays accueillant des réfugiés ont signalé des cas de coronavirus, le HCR a accru son soutien auprès de populations comptant parmi les plus à risque, en facilitant la fourniture d’abris, d’installations sanitaires, d’eau propre et de soins médicaux. Il collabore également avec des gouvernements pour qu’ils tiennent compte des populations de réfugiés dans leurs plans d’intervention. Le HCR, qui est appuyé principalement par des dons volontaires versés par des États, a réclamé des dons additionnels à hauteur de 255 millions de dollars américains pour faire face à la pandémie de COVID‑19.
Les activités d’autres organismes font état de l’ampleur des enjeux connexes qu’entraîne l’éclosion du coronavirus, notamment les organismes suivantes :
- le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF);
- ONU Femmes;
- le Bureau de la coordination des affaires humanitaires [en anglais seulement];
- le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme;
- l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture;
- le Programme alimentaire mondial.
Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale
Tout comme lors de la crise financière mondiale de 2008-2009, les États cherchent à élaborer ensemble des approches communes contre les conséquences économiques des mesures prises en réponse à la COVID‑19, par l’intermédiaire du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Avec des ressources à hauteur de milliards de dollars, ces organismes se sont surtout employés à maintenir la liquidité du système financier; à offrir des ressources financières aux pays qui demandent un renflouement ou des prêts d’urgence; à coordonner les mesures fiscales et autres mesures, et à approuver l’allégement de la dette de certains pays.
Pour beaucoup de pays dont l’économie est vulnérable, ces arrangements financiers — qui imposent moins de conditions liées à des réformes de politiques qu’autrement — facilitent l’accès à des mesures de diagnostic et de détection de la COVID‑19, l’achat d’équipement médical, la formation de travailleurs de la santé et la construction d’infrastructures de santé.
Autres organismes
À ces efforts s’ajoutent ceux d’autres organismes régionaux, plus petits, moins officiels et offrant parfois aux États une plus grande souplesse pour organiser une réponse collective à la pandémie. Ces organismes incluent le G20, le G7, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et le bloc BRICS [en anglais seulement].
Depuis ses débuts, qui remontent à une réunion des principaux ministres des Finances en vue de coordonner une réponse à la crise économique de l’Asie en 1998, le G20 est devenu pour les chefs d’État un mécanisme essentiel pour régler toutes sortes de problèmes mondiaux, dont la pandémie du coronavirus de 2020.
Lors d’un sommet extraordinaire tenu le 26 mars 2020, les dirigeants du G20 se sont engagés, entre autres, à mettre en commun les informations sur le virus; à minimiser les perturbations économiques, commerciales et professionnelles à l’aide de plans de relance financière; à fournir une aide aux pays dans le besoin et à soutenir les efforts de l’OMS et d’autres organismes. Depuis, les ministres de la Santé du G20 se sont réunis pour partager les meilleures pratiques nationales et mettre au point un ensemble de mesures urgentes pour lutter collectivement contre la pandémie. D’autres ministres du G20 ont tenu des réunions pour discuter de préoccupations liées à la pandémie.
Conclusion
Étant donné que ces organismes sont soumis à la volonté et aux préférences des États qui les ont créés, le succès des efforts de coopération n’est pas acquis d’avance. Les rivalités mondiales ont une incidence sur la collaboration entre les États membres pour faire face à la pandémie, notamment au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies et de l’OMS. Par ailleurs, que ce soit avant l’apparition du virus ou comme première réaction à sa propagation mondiale, de nombreux États se sont repliés sur eux-mêmes, se détournant du multilatéralisme et des organismes internationaux qui soutiennent l’ordre mondial.
Les enjeux pour d’autres efforts de coopération internationale, tels que la promotion de l’égalité des sexes et la lutte contre le changement climatique, ainsi que la fin de conflits prolongés et la lutte contre le terrorisme, sont élevés. La COVID-19 et ses suites sont peut-être sans précédent, mais les difficultés des organismes internationaux et de la coopération des États ne le sont pas.
Ressources supplémentaires
Russian BRICS Chairmanship Statement on the Novel Coronavirus Pneumonia Epidemic Outbreak in China, 11 février 2020 [en anglais seulement].
Déclaration des dirigeants du G7, 16 mars 2020.
Déclaration du Sommet extraordinaire des dirigeants du G20 sur la COVID-19, 26 mars 2020.
[i] Les îles Cook sont membres de l’OMS, mais ne font pas partie de l’ONU.
Auteure : Natalie Mychajlyszyn, Bibliothèque du Parlement
Catégories :Affaires internationales et défense, COVID-19, Santé et sécurité