(Available in English: Young Parliamentarians around the World)
Les mauvaises langues prétendent que les jeunes ne s’intéressent tout simplement pas à la politique parlementaire. Malgré le discours dominant voulant que les jeunes ne veuillent pas participer à la vie démocratique, les chiffres démontrent le contraire : le nombre de jeunes parlementaires dans le monde augmente.
À l’occasion de la Quatrième Conférence mondiale des jeunes parlementaires de l’Union interparlementaire (UIP) à Ottawa les 17 et 18 novembre 2017, sous le thème Les jeunes parlementaires : vecteurs d’inclusion, la présente Note de la Colline examine la situation des jeunes parlementaires au Canada et dans le monde.[1]
Les jeunes parlementaires au Canada
À la Chambre des communes, parmi les députés dont l’âge est connu, on compte 74 députés âgés de moins de 45 ans. Ils représentent environ 25 % de l’ensemble des députés. Lors des élections de 2015, 24,2 % des parlementaires se trouvaient dans ce groupe d’âge, ce qui plaçait alors le Canada au 83e rang mondial de l’UIP.
À l’heure actuelle, les chefs des deux principaux partis d’opposition, M. Andrew Scheer pour le Parti conservateur du Canada et M. Jagmeet Singh pour le Nouveau Parti démocratique, appartiennent à cette catégorie. Quant à Justin Trudeau, né en 1971, il était, lui aussi, un jeune parlementaire lors de son élection au poste de premier ministre le 19 octobre 2015.
Au Sénat du Canada, un seul sénateur sur les 94 actuellement en fonction est présentement âgé de moins de 45 ans, ce qui représente moins de 1 % de l’ensemble des membres du Sénat.
Les jeunes parlementaires dans le monde
L’intégration des jeunes à la vie démocratique fait partie des priorités de l’UIP. En effet, en plus du Forum des jeunes parlementaires qui permet aux jeunes parlementaires de se réunir et d’échanger, l’UIP soutient les initiatives de ses membres pour intégrer les jeunes dans les processus de prise de décisions politiques et plaide pour plus de représentation des jeunes au sein des parlements.
En 2016, grâce à la collaboration de ses parlements membres, l’UIP a publié les résultats de son étude, La représentation des jeunes dans les parlements nationaux, qui présente un portrait fidèle de la situation des jeunes parlementaires à l’échelle mondiale. Depuis 2014, peu importe le groupe d’âge, le nombre de jeunes parlementaires progresse. Toutefois, comme l’indique l’infographie de l’UIP ci-dessous, ce sont les taux des parlementaires de moins de 40 ans et de moins de 45 ans qui augmentent le plus rapidement. Les jeunes de moins de 30 ans représentent moins de 2 % des parlementaires. Fait inquiétant, à la grandeur du monde, près de 80 % des Chambres hautes n’ont aucun membre de moins de 30 ans, incluant celle du Canada.
Source : UIP, Infographie tirée de l’étude, La représentation des jeunes dans les parlements nationaux, 2016.
Les initiatives pour encourager la participation des jeunes à la vie parlementaire
Quelles raisons pourraient retenir les jeunes de se lancer en politique? Dans son livre Out of the Running: Why Millennials Reject Political Careers and Why It Matters, Shauna L. Shames discute avec des jeunes universitaires américains pour comprendre pourquoi la majorité d’entre eux refusent de s’engager en politique de la même manière que les jeunes des générations précédentes. L’enquête de l’auteure démontre que les jeunes rejettent le climat de travail perçu comme malsain, trouvent les coûts trop élevés, et ne voient pas comment ils pourraient faire une différence.
Pour contrer cette tendance, l’UIP a adopté en 2010 la résolution La participation des jeunes au processus démocratique dans laquelle les membres :
- appellent les organisations de la jeunesse et autres parties prenantes à assurer une représentation suffisante des jeunes dans les instances de décision;
- appellent les parlements à adopter des mesures concrètes pour renforcer la représentation des jeunes au Parlement et dans les autres instances représentatives;
- engagent les États, les parlements, les parlementaires, les partis politiques, l’UIP et les organisations de jeunesse à accroître, au moyen de mesures ciblées, la représentation des jeunes dans les partis politiques et aux élections locales, nationales et régionales.
Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) s’intéresse également à cet enjeu. Dans son document Youth, Political Participation and Decision-Making [disponible en anglais seulement], il rappelle que « la participation active des jeunes dans leurs sociétés et dans leurs processus démocratiques est d’une importance cruciale pour répondre à leurs besoins et garantir leurs droits fondamentaux ».
Le Bureau de l’Envoyé du Secrétaire général pour la Jeunesse des Nations unies, en collaboration avec l’UIP et d’autres partenaires, a lancé la campagne Not too young to run [disponible en anglais seulement] qui vise, en consolidant les efforts de promotion des droits des jeunes à travers le monde, à les inspirer et à les encourager à se présenter comme candidats. Cette campagne rappelle aussi que, dans plusieurs pays, l’âge légal pour se présenter comme candidat est supérieur à l’âge requis pour voter, ce qui freine la pleine participation des jeunes au monde parlementaire.
Une fois élus, les jeunes parlementaires se créent également des réseaux pour se soutenir mutuellement. Aux États-Unis, le Young Elected Officials Network [disponible en anglais seulement] réunit des élus de moins de 35 ans et leur offre des ressources et du soutien dans leur développement professionnel. En Colombie-Britannique, une initiative canadienne semblable, également nommée Young Elected Officials Network (YEON) [disponible en anglais seulement] mais indépendante de l’organisation américaine, regroupe des jeunes élus locaux et encourage les jeunes à se lancer en politique municipale.
La participation civique des jeunes
L’étude des liens entre les jeunes et la politique est souvent axée sur leur participation plutôt que sur leur engagement dans un parti politique. Par exemple, Élections Canada a lancé la plateforme Inspirer la démocratie pour diffuser des études sur la participation des jeunes et permettre l’échange d’information sur les moyens d’accroître leur participation citoyenne. Les campagnes d’Élections Canada semblent avoir porté fruit puisque la participation électorale des citoyennes et citoyens de moins de 45 ans a progressé de manière substantielle entre les élections générales de 2011 et 2015.
Source : Élections Canada, Infographie sur la participation électorale aux 41e et 42e élections générales, par groupe d’âge.
La question de la participation des jeunes aux élections et en politique ne se pose pas seulement qu’au Canada. À travers le monde, des organisations s’interrogent sur les méthodes à adopter. L’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA) [disponible en anglais seulement] est l’une de ces organisations. En 2015, à la suite d’une table ronde, IDEA a publié un guide à l’intention des commissions électorales pour promouvoir la participation des jeunes dans les processus électoraux et politiques [disponible en anglais seulement], notamment par l’utilisation des technologies et des réseaux sociaux, mais également par l’éducation et par la réforme des processus actuels. De son côté, le PNUD a publié un guide de bonnes pratiques [disponible en anglais seulement] qui présente des stratégies à adopter autant pendant la période électorale qu’avant et après pour accroître la participation des jeunes.
Enfin, d’autres organisations se sont intéressées non seulement à la participation des jeunes mais également à leur point de vue sur la politique. C’est le cas de l’organisation Samara Canada qui, dans son rapport M’entendez-vous? : les jeunes et l’élection fédérale de 2015, défait certaines idées reçues sur les jeunes et la politique, celles qu’ils ne sont pas apathiques et désirent qu’on s’adresse à eux au moyen d’un contact réel, pas seulement virtuel.
[1] Dans le cadre de cette Note de la Colline, à moins d’indication contraire, le terme « jeunes parlementaires » représente ceux âgés de moins de 45 ans, tel que le définit l’UIP.
Auteure : Gabrielle de Billy Brown, Bibliothèque du Parlement
Catégories :Affaires sociales et communautaires, Gouvernement, Parlement et politique