(Also available in English: Dispelling the Fog Around “Cloud Computing”)
Depuis l’invention des ordinateurs, tous les éléments créés ou exploités sur ces appareils – documents, photos, dossiers d’entreprise ou programmes – étaient sauvegardés dans les ordinateurs mêmes ou sur un dispositif de stockage externe (disquette, clé USB, disque dur externe, etc.). L’avènement du phénomène dénommé « informatique en nuage » (ou « infonuagique ») a toutefois révolutionné la conservation des articles numérisés.
En termes simples, ce qu’on appelle « le nuage » permet aux utilisateurs de stocker des données et des programmes et d’y avoir accès en passant par Internet plutôt qu’au moyen de dispositifs d’enregistrement sur place.
Le nuage permet de s’éloigner du modèle traditionnel, où les activités informatiques sont effectuées à partir de matériel et de logiciels localisés. Selon le nouveau modèle, les activités informatiques sont effectuées hors site à partir d’ordinateurs et de logiciels appartenant à des tiers et accessibles de partout au moyen d’une connexion à large bande.
Dans le cadre d’un modèle d’informatique en nuage, l’acquisition de l’infrastructure de la technologie de l’information (TI) devient un service payant sur demande plutôt qu’un investissement en capital fixe.
L’informatique en nuage représente pour les organismes publics et privés une façon de réduire leurs coûts liés à la TI. Cette réduction ainsi que l’extensibilité rapide et la souplesse des solutions offertes par le nuage sont susceptibles d’apporter des changements importants dans bon nombre de secteurs.
Des spécialistes estiment que le trafic des données stockées dans des nuages augmentera à un taux annuel composé de 35 % de 2012 à 2017.
Divers modes de déploiement des services d’informatique en nuage
Les services peuvent être offerts selon un mode de déploiement privé, public, communautaire ou hybride.
Selon le mode privé, les services en nuage sont offerts à un seul client sur une infrastructure de TI intégralement dédiée, tandis que selon le mode public, ils sont offerts à des organisations sur une infrastructure de TI partagée.
Selon le mode communautaire, les services en nuage sont offerts sur une infrastructure de TI dédiée à une collectivité donnée de clients aux besoins semblables en matière d’informatique. Le mode hybride est une combinaison des modes de déploiement : par exemple, le client peut traiter les données sur un nuage public et les entreposer sur un nuage privé.
Trois catégories de services offerts par les fournisseurs
Les services offerts selon les divers modes de déploiement appartiennent à trois catégories (voir la figure 1) :
- La catégorie « logiciel à la demande » (ou « logiciel-service » ou « SaaS ») comprend des logiciels mis en ligne sur Internet, souvent appelés « applications Web ». Les fournisseurs peuvent fournir leurs applications « clé en main » sous licence en facturant à l’utilisation selon diverses modalités de paiement périodique ou encore les offrir gratuitement si les utilisateurs génèrent des revenus provenant d’un tiers, comme des recettes publicitaires.
- La catégorie « plateforme à la demande » (ou « plateforme-service » ou « PaaS ») comprend les plateformes en ligne qui permettent de créer des applications Web personnalisées sans qu’il soit nécessaire d’acquérir et d’entretenir les logiciels et l’infrastructure de base. La PaaS permet aux organisations de créer des applications adaptées à leurs besoins.
- La catégorie « infrastructure à la demande » (ou « infrastructure-service » ou « IaaS) permet d’offrir une infrastructure de TI comme service sur demande. Au lieu de faire l’achat de serveurs, d’espace dans des centres de données ou de matériel pour les réseaux, les utilisateurs peuvent les obtenir comme services externalisés au moyen d’Internet.
Figure 1 – Types de services offerts par les fournisseurs de services en nuage
Source: Figure préparée par l’auteur.
Protection des données et confidentialité
L’informatique en nuage comporte des avantages, mais elle n’est pas dénuée de risques. Les préoccupations les plus courantes concernent la protection des données et laconfidentialité. Si les serveurs des fournisseurs de services en nuage sont piratés, les utilisateurs peuvent perdre des données importantes, voir leur réputation ternie et devoir faire face à des litiges coûteux.
Cela dit, selon un article publié dans Business Insurance, aucun cas grave de perte de données personnelles sur des clients par des entreprises recourant au stockage en nuage n’a jamais été signalé, ce qui contraste fortement avec les nombreux cas de violation de la protection de données personnelles dans les systèmes d’information organisationnels localisés.
La question de la confidentialité est étroitement liée à celle de la protection des données : des données confidentielles peuvent être divulguées s’il y a atteinte à un système de stockage des données. Toutefois, la confidentialité peut aussi être une question distincte de la protection des données. Par exemple, si les gouvernements ont le pouvoir d’obliger les fournisseurs de services en nuage à leur remettre des données sur leurs clients, la règle de la confidentialité peut être violée sans qu’il y ait panne du système de protection des données.
Stratégies sur l’informatique en nuage aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie
Contrairement à certains pays, le Canada ne s’est pas doté d’une stratégie sur l’informatique en nuage. Canada numérique 150 (2,8 Mo, 26 pages), le plan récemment publié par le gouvernement du Canada concernant l’avenir numérique du Canada, ne fait aucunement mention de l’informatique en nuage.
Aux États-Unis, la stratégie fédérale sur l’informatique en nuage (1,6 Mo, 43 pages) a été lancée en février 2011. Elle vise à bien présenter les avantages de l’informatique en nuage, ainsi que les facteurs à prendre en considération et les compromis à faire dans ce domaine.
En outre, elle fournit un cadre décisionnel et présente des exemples de cas en vue d’aider les organismes à migrer vers l’informatique en nuage. Elle présente les ressources pour la mise en œuvre de l’informatique en nuage et énumère les activités menées par le gouvernement fédéral pour accélérer l’adoption de l’informatique en nuage, ainsi que ses rôles et responsabilités à cet égard.
La stratégie du Royaume-Uni sur l’informatique en nuage (773 ko, 24 pages) a été présentée en mars 2011. L’initiative dite du « G-Cloud » est un programme de travail en cours et itératif visant à permettre l’utilisation d’une gamme de services en nuage. Elle décrit les changements apportés à la façon dont le gouvernement britannique se procure et exploite des technologies de l’information et des communications dans toute la fonction publique.
En Australie, la stratégie nationale sur l’informatique en nuage (2,4 Mo, 38 pages) a été présentée en mai 2013. Elle propose des mesures en vue de maximiser la valeur de l’informatique en nuage pour le gouvernement, elle fait la promotion de l’informatique en nuage auprès des petites entreprises, des organisations à but non lucratif et des consommateurs, et enfin, elle appuie le secteur dynamique des services en nuage.
Mathieu Frigon, Division de l’économie, des ressources et des affaires internationales
Le 28 mai 2014
Ressources connexes
- Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. L’infonuagique : étudiez-en bien les avantages et les risques.
- Figliola, Patricia Moloney et Eric A. Fischer. Overview and Issues for Implementation of the Federal Cloud Computing Initiative: Implications for Federal Information Technology Reform Management
(460 ko, 35 pages), Congressional Research Service, 3 février 2014.
- Rackspace Support Network. Understanding the Cloud Computing Stack: SaaS, PaaS, IaaS.